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Les femmes palestiniennes et l’Union des Comités de secours médical palestinien -UPRMC-

Bérengère CORNET

10 / 1996

Dans un ouvrage récemment publié en collaboration avec le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), Marion Sigaut, journaliste, relate comment, durant l’Intifada, quelques médecins palestiniens ont inventé, dans des conditions extrêmes, un véritable système de santé dans les territoires occupés par Israël. Elle explique également comment des femmes de ce pays, bousculant l’organisation traditionnelle, ont répondu à l’appel des plus déshérités en devenant auxiliaires de santé.

L’expérience de l’Union des Comités de secours médical palestinien (UPMRC)remonte à 1979. A cette époque, une équipe de médecins, pour parer à la détérioration croissante des équipements sanitaires et sociaux, A décidé de promouvoir une politique de santé privilégiant des structures légères et décentralisées (cliniques mobiles), l’organisation communautaire et le travail à la base en formant des agents de santé locaux. Et certaines de ces femmes, auparavant consommatrices occasionnelles de soins sanitaires,en devinrent eeles-mêmes dispensatrices...

Depuis 1989, une école forme des agents communautaires de santé, principalement des femmes issues de milieux populaires, ce qui est une grande première dans la région. En s’impliquant activement dans ce domaine, elles ont permis de donner tout à la fois une autre dimension à la relation soignant/soigné et une reconnaissance plus importante aux femmes au sein d’une société traditionnellement patriarcale. En outre, sous leur influence, la question de la santé des femmes n’est plus envisagée sous le seul aspect démographique et maternel, mais dans une dimension psychosociale qui intègre tous les aspects de leurs conditions de vie.

Face aux réactions parfois méfiantes des mères, les auxiliaires inspirent confiance car elles sont connues, étant toutes originaires du village où elles pratiquent. "Je crois que si nous réussissons, c’est que nous ne nous comportons pas comme des spécialistes mais comme des membres de la communauté" rapporte une des auxiliaires. Cet enracinement dans la communauté paraît essentiel. Plutôt que de commencer par proposer aux femmes un comité, c’est par une écoute individuelle que les auxiliaires parviennent à ouvrir les femmes sur l’extérieur. Et, progressivement, ces dernières échangent, prennent conscience de l’importance de l’éducation pour leurs enfants, mais aussi pour elles-mêmes, pour apprendre et découvrir. Par exemple, "si le mariage précoce est mauvais, disent-elles, on veut savoir pourquoi". A un autre niveau, la soif d’apprendre des auxiliaires est bien la preuve que le savoir attire le savoir, car on s’aperçoit que, plus elles sont efficaces, plus elles réclament de formations complémentaires.

Et Marion Sigaud de rapporter son étonnement lorsque, face à l’accident dont elle a été témoin au cours de l’un de ses séjours en Palestine, une auxiliaire se précipite au secours des victimes. "Je viens en quelques secondes de voir la secouriste, la travailleuse de santé, la jeune femme qui, rompue par sa formation et des années de pratiques, a appris le geste qui sauve, le réflexe pour la survie de son prochain. En un éclair, elle a perdu son air soumis, son allure de victime qui dit merci. Une vraie professionnelle". Non pas une "occidentalisée", comme nous aimons à définir celles qui jouissent de liberté, mais une femme enracinée dans la société palestine traditionnelle, "qui porte même le voile" juge-t-elle nécessaire d’ajouter.

Aujourd’hui, l’UPMRC est devenue une importante association qui compte mille volontaires et deux cent cinquante salariés, dont une écrasante majorité de femmes. Ces dernières constituent 68 % du personnel et un tiers des médecins alors que, au niveau national, elles ne représentent que un sixième des praticiens.

Et Marion Sigaut de conclure que "passant d’un stade à l’autre, bientôt on découvrira comment à travers elles, des réseaux interpersonnels se tissent et influent sur la démographie et l’âge des noces, sur l’intégration des poly-handicapés, la qualité de l’environnement et le recul de certaines maladies".

Key words

woman, health service, training, social change, community organization


, Palestine

file

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Source

Book ; Organisation presentation

SIGAUT, Marion, Libres femmes de Palestine, Editions de l'Atelier, 1996/02 (France)

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