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Agricultrice et pauvre : la victoire de l’organisation féminine rurale dans l’Etat de Santa Catarina au Brésil

Cristiana TRAMONTE

09 / 1994

Le Mouvement des femmes agricultrices représente au Brésil une importante force politique, en particulier dans l’Etat de Santa Catarina, et il est sans aucun doute l’une des plus importantes forces sociales populaires. La preuve en est qu’il a réussi à faire élire une femme agricultrice, Luci Choinaski, d’abord comme député de l’Etat de Santa Catarina, puis comme député fédéral.

Ce Mouvement est né de la nécessité de traiter la lutte de la femme comme un aspect spécifique de la lutte générale des travailleurs agricoles. Justina Cima, l’une des coordinatrices du Mouvement dans l’Etat de Santa Catarina, explique que cet espace politique de la femme agricultrice a germé "en tentant d’élaborer des formes de participation pour permettre à la femme de surmonter ces préjugés... en créant de nouvelles relations de pouvoir sans domination et sans discrimination".

Selon des informations émanant du Mouvement lui-même, il existe actuellement dans cent quarante municipes de l’Etat de Santa Catarina et on espère qu’il s’amplifiera encore. Pour ce faire, les réunions et assemblées locales et régionales sont constantes, de même que les cours de formation destinés à approfondir la discussion sur les droits sociaux des femmes agricultrices et le rôle social de la femme.

Le 12 août 1994, des femmes agricultrices de divers municipes de l’Etat de Santa Catarina ont participé à la manifestation publique qui s’est déroulée à Chapeco pour commémorer les dix ans du Mouvement. D’importants responsables y étaient présents, par exemple Lula -Luis Inacio Lula da Silva, président pendant plusieurs années du Parti des travailleurs, président du Syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo (Etat de Sao Paulo), et, à cette époque, l’un des candidats à la présidence de la république les plus cotés. L’Indienne guatémaltèque Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix en 1992, participait également à cette manifestation. Il faut aussi rappeler le nom de Margarida Alves, syndicaliste rurale de Paraíba, assassinée sur mandat des grands propriétaires terriens le 12 août 1983, un événement qui marqua une étape dans l’histoire du Mouvement.

Dans les jours qui avaient précédé cette manifestation, environ 280 femmes étaient réunies à Chapeco pour le premier congrès du Mouvement. Elles avaient abordé quatre thèmes de base : participation politique de la femme dans la société, conflit de "genre" et de classe, santé de la femme et politiques publiques, réforme agraire. Selon la coordination du Mouvement, ce congrès a réaffirmé l’importance du travail de formation des groupes de base, la nécessité de la lutte pour la garantie du fonctionnement des SUS (Systèmes unitaires publics de santé)et celle d’une alliance toujours plus proche avec le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre. Et ceci, sans oublier les luttes entreprises dès les débuts du Mouvement : syndicalisation de la femme, garantie des droits acquis (prestations maternité, retraite, prestations pour les accidents du travail, pension des veuves, etc.).

Key words

woman, popular education, rural environment, poverty, political access for women, women's rights, social rights, popular mobilization, women’s organization


, Brazil, Santa Catarina

file

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Comments

Le Mouvement des femmes agricultrices présente deux originalités.

Tout d’abord, il s’adresse à l’un des secteurs les plus marginaux de la société, la femme, pauvre et de milieu rural, qui, au Brésil, ne possède ni les droits minima déjà acquis par le travailleur citadin, ni même ceux acquis par le travailleur homme de la campagne. En ce sens, des conquêtes importantes comme la réglementation de la prestation de maternité commencent à faire évoluer cette situation d’oppression. Ceci se répercute sur les relations familiales elles-mêmes qui se modifient et commencent à garantir un espace à la femme.

La seconde originalité réside dans la façon dont sont organisées les rencontres, manifestations publiques et activités, avec fleurs, décorations, musique, et présentation d’une décoration plastique créative et gaie qui rompt avec la rigidité et la gravité traditionnelles des manifestations publiques et des cours de formation. Il est vraiment fascinant d’observer l’importance que revêt l’aspect artistique de ces réunions, un aspect qui achève d’attirer des participantes qui ne se mobiliseraient peut-être pas pour des activités traditionnelles.

Notes

Fiche originale en portugais, traduite par Cécile LACHERET (RITIMO-IRFED), MFN 4966.

Source

Interview ; Articles and files

MMA de SC comemora 10 anos com congresso e grande mobilizaçâo in. Jornal dos Trabalhadores Rurais Sem-Terra, 1994/09

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