Entre 1984 et 1993, le nombre de suicides enregistrés baisse puis remonte. Avant les débuts de l’ère Gorbatchev, le nombre de suicides est très élevé : 54.000 en 1984, soit 38,7 pour 100.000 habitants. Les deux premières années de la perestroïka sont liées à une forte baisse du phénomène : 44.600 en 1985 et 33.300 en 1986. A partir de cette date, et jusqu’en 1993, le nombre de suicides recommence à augmenter. Les chiffres donnés sont par ailleurs vraisemblablement en deça de la réalité, compte tenu des décès comptabilisés comme "accidentels" ou "cliniques".
Qui se suicide en Russie? Avant tout les hommes. Les femmes ne représentent que 35% des cas en 1988 et 27% en 1993. Par ailleurs, les quadragénaires représentent la classe d’âge la plus touchée en 1993 (11,5%). Les jeunes se suicident moins : 3,2% chez les 10-19 ans la même année. Contrairement à une idée répandue, le suicide ne se commet pas en état d’ébriété. Selon les données médicales, 5 personnes, dont aucune femme, se seraient suicidé dans de telles circonstances.
Dans la mesure où les données sur le suicide et la criminalité sont les expressions fondamentales de la déviance dans une société, il est utile de comparer les deux indicateurs. Il a été remarqué que dans la majorité des pays occidentaux (sauf Amérique du Nord), le rapport entre les taux de mortalité par meurtre et par suicide pour 100.000 habitants est univoque. Dans ces sociétés, on meurt entre trente fois et dix fois de meurtre que de suicide. Aux Etats-Unis, comme en Argentine, le rapport est de deux voire un suicide pour un meurte. En Russie, l’évolution est manifeste. Alors qu’en 1985 et 1987, le rapport tourne autour de O,3, c’est-à-dire qu’il y a à peu près trois meurtres pour dix suicides, il s’inverse en 1993. Les meurtres sont donc désormais commis plus fréquemment que les suicides. La Russie rejoint donc les pays les moins "civilisés" au sens où les meurtres se multiplient plus rapidement que les suicides qui sont pourtant en forte augmentation. Ce type de données statistiques est donc révélateur de la période de crise des valeurs que traverse le pays.
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, Russia
Cette étude donne quelques chiffres sur le suicide en Russie. L’identité de l’auteur, un sociologue, ne suffit pas à lever les questions sur les sources quantitatives qu’il utilise. Le suicide est ici utilisé de façon instrumentale et utilitariste. Par ce phénomène, l’auteur cherche en fait à montrer que la violence se répand en Russie et que les meurtres connaissent une progression exponantielle. Rassurons nous en rappelant que, depuis 1993, le nombre de meurtres enregistrés tend à baisser. La Russie, au début des années 90, connaît une période de partage des richesses, ressources et proriété impliquant un fréquent recours à la violence. Il semblerait que cette période soit en voie d’achèvement.L’auteur de l’étude a le mérite d’avoir introduit en Russie la sociologie de la déviance.
Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.
Book
AFANASIEV, V.; GILINSKI, I., Institut de Sociologie de Saint-Petersbourg, Comportements déviants et contrôle social dans les conditions de la crise de la société russe, 1995
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