La Chine refuse que soit liés coopération économique et respect des droits de l’homme
09 / 1996
Après Tian An Men, les pays de l’ASEAN (Association of Southest Asian Nations)ont contribué à réduire l’isolement de la Chine en développant avec elle leurs relations politiques et économiques, anxieuses qu’elles étaient de réintégrer la Chine dans le système international. C’est en 1990 que furent rétablies ou établies des relations diplomatiques avec l’Indonésie et avec Singapour, tandis que les échanges économiques se développaient. Lee Kuan Yew, Chef de l’Etat de Singapour, invita à plusieurs reprises les pays occidentaux à considérer les problèmes de la Chine dans une perspective de long terme, tandis qu’il conseillait à la population de Hong Kong de renforcer son intégration économique avec la Chine sans revendiquer un système démocratique formel (un homme une voix !). Car pour Lee Kuan Yew, la stabilité sociale et politique est un préalable indispensable à la réforme de l’économie.
Chine et pays de l’ASEAN sont d’accord pour estimer que les positions actuelles sur les Droits de l’Homme telles qu’elles sont préconisées dans les relations internationales sont propres aux nations occidentales. Pour les Chinois, droits de l’homme et pluralisme politique étaient dans un premier temps une machine de guerre occidentale.
Depuis Tian An Men et la chute du communisme en Europe de l’Est et dans l’ex URSS, la position de la Chine a évolué. La Chine reconnaît aujourd’hui la légitimité de la préoccupation en faveur des Droits de l’Homme. Mais sa situation de pays en voie de développement ainsi que sa culture originale ne lui permettent pas d’évoluer au même rythme que les démocraties occidentales. Il lui faut en effet donner priorité aux exigences (et aux droits)du développement économique et social sans mettre en péril la stabilité de la société. C’est un problème de souveraineté nationale, de sorte que la Chine refuse que soit liée coopération économique et respect des Droits de l’Homme.
La Malaisie, l’Indonésie et Singapour ont adopté la même position : en aucun cas Droits de l’Homme et Protection de l’Environnement ne sauraient être utilisés comme "conditionnalité" de l’aide et du financement du Développement. Ces trois pays rejoignent ainsi la Chine pour combattre la domination politique occidentale qui transparaît sous la croisade en faveur des Droits de l’Homme. Selon ces perspectives, plutôt que des droits politiques individuels, c’est la stabilité politique et sociale qui est le préalable à la croissance économique. Toutefois, les responsables chinois savent que les pays de l’ASEAN avec lesquels ils font front contre la croisade occidentale en faveur des Droits de l’Homme ont connu un développement plus rapide que celui de la Chine en particulier à Singapour, Etat à dominante chinoise.
En effet, si Lee Kuan Yew s’est fermement opposé à la campagne occidentale contre la Chine en faveur des Droits de l’Homme, c’est seulement parce qu’il est convaincu, en fonction de la réalité historique, culturelle et politique de la Chine, que la meilleure façon de délivrer le pays du système communiste, est de consolider son intégration dans le système mondial, en liant sa prospérité à l’économie des grandes nations commerçantes.
world wide extension, State, State and civil society, human rights, regional policy, regional trade, regional integration, international relations, economic development, social development, political transition, cooperation policy, economic growth, political pressure, ASEAN
, Asia, China
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JieChen, Human rights : ASEAN. New importance for China, The Pacific Review, 1993 (France)
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