Les dissidents chinois exilés ne sont pas les futurs gouvernants de la Chine
09 / 1996
Après trois années les organisations de dissidents en exil ont tenté de s’unifier. Ces tentatives ont échoué et les oppositions internes n’ont jamais cessé. "L’ennemi étant loin, les batailles tendent à devenir intestines. On est loin des beaux jours des commencements après Tian An Men".
Les dissidents ont réussi à mobiliser aux Etats-Unis un mouvement contre la politique chinoise, du Président Bush ; ils ont également réussi à mettre les Droits de l’homme en Chine à l’ordre du jour politique aux Etats-Unis. Mais les années passant leur influence sur la politique américaine a décliné.
La capacité des dissidents exilés de peser sur les événements en Chine est encore plus problématique. La principale limite à leur influence en Chine, c’est le rythme des changements économiques et sociaux et même politiques qui transforment la Chine. La situation est différente de celle des années 1980, alors qu’une "élite" démocratique faisait pression d’en haut en faveur d’une libéralisation politique à l’intérieur même du Parti Communiste. Les ferments en oeuvre aujourd’hui se développent depuis la base. Un nombre inconnu d’hommes d’affaires, d’intellectuels, de travailleurs et autres sont attelés à la tâche de créer une société civile où les structures et les groupes apparaissent et fonctionnent sans avoir recours à la permission du parti. Dans une telle situation les leaders de la génération élitiste des années 1980, qui vivent pour la plupart aux Etats-Unis sont de moins en moins en phase avec la situation chinoise. Leurs méthodes sont trop traditionnelles, trop semblables à celles des "lettrés" de l’ancien temps qui essayaient d’orienter les gouvernements vers le bien.
D’où le caractère irréaliste d’une perspective envisageant le retour des dissidents pour occuper en Chine des postes dominants dans un futur gouvernement.
Dans l’avenir, le pouvoir appartiendra à ceux qui sont restés et qui se sont élevés à des postes d’autorité à l’intérieur du système ; pas à ceux qui ont vécu en dehors de la Chine. Toutefois, il faut se rappeler qu’à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle, Sun Yat Sen a rallié l’opposition chinoise d’outre mer dans son combat contre la dynastie corrompue des Qmg. Les longues années de lutte de Sun furent couronnées de succès en 1911 lorsque la dynastie Mandchou s’effondra. Sun était à Denver aux Etats-unis au temps de la Révolution lorsqu’il devint le premier Président de la République de Chine.
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Il ne semble pas qu’en 1996, la situation soit très différente. Cela rend d’autant plus intéressante l’évaluation des espaces de "liberté", si ténus soient-ils, qui accompagnent le développement économique et social.
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"Innocents abroad" in. Far Eastern Economic Review, 1994/09/15 (HONG KONG)
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