De nombreuses activités traditionnelles au départ se sont industrialisées en créant des emplois
11 / 1996
Sfax est la capitale du Sud tunisien, une ville qui compte aujourd’hui environ 500.000 habitants. C’est un port dont la population est renommée pour son sens du commerce local et international ainsi que pour ses initiatives diverses, formelles et informelles.
La famille J. est installée dans le centre de la ville : ce sont des forgerons qui, depuis de longues années, fabriquent des outils agricoles : simples araires mais aussi équipements spécialisés pour couper les racines de chiendent dans les oliveraies sableuses. Traditionnellement, cet équipement est tracté par des animaux, ânes ou chameaux. A la fin des années 1930, c’est le forgeron J. qui, en collaboration avec un colon de l’époque, a modifié et renforcé cet équipement pour l’adapter à la traction mécanique. C’était une question de montage et de qualité de l’acier. J. a réussi car dès les années 1930, ce forgeron qui travaillait dans un atelier noirci de fumée avec 2 ou 3 compagnons faisait tous les ans le voyage à St Etienne pour y choisir des aciers de qualité.
Un autre artisan sfaxien, Monsieur B., qui était bijoutier dans la vieille ville faisait lui aussi chaque année dès 1920 les foires européennes pour y chercher l’inspiration de nouveaux modèles.
Enfin, comme dans plusieurs autres villes, Sfax possédait un artisanat de la chaussure. En 1960, après l’indépendance, les observateurs prédisaient le déclin rapide et la disparition de cet artisanat devant la concurrence de l’industrie moderne de la chaussure. Or, au bout de plus de 30 ans, cet artisanat, loin d’avoir disparu, a prospéré et il alimente aujourd’hui, en chaussures modernes, plus de la moitié du marché tunisien. Le quartier artisanal de la chaussure s’est agrandi dans la vieille ville de Sfax ; on y entend partout le bruit des machines dont les artisans se sont équipés pour moderniser les points sensibles de leurs fabrications. Une enquête récente a révélé que les revenus des compagnons artisans étaient plus élevés que les salaires distribués par les entreprises industrielles de plein exercice.
De nombreux autres exemples pourraient illustrer le dynamisme à l’oeuvre dans cette ville, qui permet d’enraciner dans de simples activités traditionnelles au départ, de véritables activités industrielles créant emplois et revenus.
informal sector, trade, international trade, transfer of knowledge, technology transfer, techniques modernization, industrialization, economic growth, small or medium sized company, economic development, industrial development
, Tunisia, Sfax
Original text
JUDET, Pierre, 1996 (France)
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