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Les petits hauts fourneaux chinois

Des hauts fourneaux miniaturisés aux aciéries géantes, l’oscillation traduit le caractère heurté de la formidable entreprise de modernisation et de rattrapage dans laquelle s’est engagée l’économie chinoise

Pierre JUDET

09 / 1996

On a beaucoup parlé en Occident, il y a trente cinq ans, de la prolifération des petits hauts fourneaux chinois. C’était l’époque, en 1958, du lancement par Mao Tse Tung du grand bond en avant qui devait permettre à la Chine de rattraper puis de dépasser l’Angleterre. Au moment où les Japonais entreprenaient la construction de hauts fourneaux géants produisant 10.000 tonnes de fonte par jour, les districts et les nouvelles communes populaires chinoises étaient invités à construire des hauts fourneaux miniature d’une capacité de 10 ou même de 5 tonnes de fonte par jour. La résolution adoptée par la Conférence du Parti de Mai 1958 préconisait en effet la multiplication de ces équipements correspondant à une campagne de masse pour l’innovation technologique et à la mobilisation du potentiel d’innovation des travailleurs. En "marchant sur les deux jambes", il s’agissait à la fois de consolider les grands centres industriels déjà construits avec l’aide soviétique et de développer des productions locales à partir de l’exploitation de tous les gisements locaux de matières premières. Or, du minerai de fer était disponible dans 200 districts et du charbon dans 1.500 districts. Cela justifiait la construction de plus de 1.000 petits hauts fourneaux... On avait oublié dans l’enthousiasme du grand bond, de prendre en compte la qualité des matières premières, le coût des transports, la qualification des travailleurs disponibles, les performances inégales du produit obtenu... Il fallut donc bientôt abandonner nombre de ces petits hauts fourneaux primitifs. En 1972, 430 hauts fourneaux étaient en fonctionnement ; leur production annuelle : 1.100.000 tonnes participaient pour 3,8 % à une production nationale de fonte de 29.000.000 tonnes. On ignore aujourd’hui le nombre de petits hauts fourneaux qui sont encore en opération. On sait seulement qu’il existe encore de petites unités sidérurgiques. Il est probable qu’elles bénéficient de la proximité de gisements de minerai de fer et de charbon de bonne qualité ainsi que d’une main d’oeuvre qualifiée. Mais il ne semble pas, à l’heure où la Chine double la capacité de l’unité sidérurgique d’Anshan (Mandchourie)de 4 à 8 millions de tonnes ou celle de Shanghaï de 3 à 6 millions de tonnes que la relance des petits hauts fourneaux soit à l’ordre du jour...

On se rappellera toutefois que les petits hauts fourneaux constituaient la règle entre 1770 et 1870 dans l’Europe de la Révolution Industrielle. Des hauts fourneaux miniaturisés aux aciéries géantes, l’oscillation traduit le caractère heurté de la formidable entreprise de modernisation et de rattrapage dans laquelle s’est engagée l’économie chinoise.

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