Qu’il s’agisse de fabrication d’acier inoxydable, de production de composants électroniques ou de réalisation de centrales nucléaires, les Coréens ont su maîtriser toutes les technologies nécessaires
11 / 1996
P. Krugman, dans un article provocateur, a rapproché la croissance "miraculeuse" des dragons et des tigres asiatiques des pays de l’Est européen. A une croissance rapide née de l’abondance de main d’oeuvre et de capital a succédé ou devrait succéder une période de ralentissement et de déclin... La comparaison est trompeuse dans la mesure où existe en Asie et en particulier en Corée du sud, une extraordinaire capacité de mobilisation des compétences et des potentiels, qui n’a pas disparu, et sur laquelle s’est fondée une croissance exceptionnellement rapide.
Cette mobilisation, qui se traduit par une capacité précoce d’organisation, a été un facteur déterminant pour la maîtrise de techniques de plus en plus avancées, aussi bien que pour de remarquables économies en capital.
Les grands chantiers liés à la construction de grands ensembles industriels à la fin des années 1960 et au cours des années 1970 ont été la plupart du temps terminés à la date prévue et même, souvent, avec plusieurs semaines ou même plusieurs mois d’avance. Dans le cas de la sidérurgie, pour chacune des phases de la grande unité sidérurgique de Pohang, une telle avance a été la règle. D’autre part, le grand chantier naval d’Usan a été également terminé à la date prévue.
Par contre, dans les pays de l’Est européen, les grands chantiers industriels ont, en règle générale, subi des retards de plusieurs années. Ce fut le cas également en Algérie où des années de retard ont augmenté démesurément les coûts de la sidérurgie.
Par ailleurs, à l’issue de leur construction, les grandes unités industrielles coréennes ont connu une montée en production très rapide. Aussi bien dans la sidérurgie que dans les chantiers navals, la montée en production a été facilitée par l’appel à du personnel qualifié ayant fait son apprentissage dans des installations de taille petite ou moyenne. Enfin, il a suffi d’une vingtaine de professionnels d’un grand chantier naval coréen envoyés en stage de formation en Suède à la soudure d’aciers inoxydables pour qu’en quelques mois, après leur retour, cette technique soit assimilée par un grand nombre de soudeurs du chantier.
L’instruction présidentielle de mai 1969 du Président Park interdisant toute formule clé en main et promouvant les capacités d’ingénierie nationale, a renforcé la mobilisation de tous les potentiels coréens. Qu’il s’agisse de fabrication d’acier inoxydable, de production de composants électroniques ou de réalisation de centrales nucléaires, aucun obstacle n’a résisté devant la volonté coréenne de faire et refaire et de passer en force.
world wide extension, economic growth, popular mobilization, industrialization, vocational training, transfer of knowledge, technology transfer, technical innovation, know how enhancement
, Asia, South Korea
Original text
JUDET, Pierre
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