L’idée de développer des ateliers d’écriture, temps destiné à dédramatiser l’écriture par le biais de jeux, sur notre quartier, est venue à la suite d’une grande réalisation menée en partenariat avec l’association des Jeunes du Laos en 1992. C’est en janvier 1992, que Say, permanent à l’association des Jeunes du Laos, propose au quartier son idée de réaliser, en juin, lors de la première fête de quartier, un colloque et une exposition qui aura pour nom : "Toit d’ici, toits d’ailleurs". Il connaît surtout des jeunes, des enfants, quelques parents mais peu d’adultes. Pour nous, Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs, qui faisions des échanges de savoirs sur le mode de la réciprocité ouverte, habitants du quartier, nous sommes très intéressés par ce projet, en plus nous sommes un quartier en réhabilitation, composé surtout d’adultes avec beaucoup de femmes. Dès cette proposition, on entreprend de rencontrer les différentes communautés présentes aux Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs, afin que chacune voit comment elle pourrait, à l’aide d’une exposition, faire découvrir au quartier, aux écoles, à la ville, comment son intérieur est meublé, décoré selon son pays d’origine. Des rencontres, chaque quinzaine, nous donnent envie d’approfondir ce sujet. Chaque communauté arrive avec des tissus, des objets, des tentures, des cassettes vidéo, des reproductions sur l’art de son pays, des ustensiles de cuisine, et c’est avec tout cela que l’exposition se construit, se réalise dans une grande salle municipale du quartier. A chaque angle de la salle, on retrouve l’habitat dans l’Argonne, (c’est le nom du quartier), meublé selon son pays d’origine (Maghreb, Europe, Asie, Afrique Noire). Les chercheurs-sociologues qui vont animer le colloque sont venus pour rencontrer les habitants des diverses communautés afin de s’imprégner de ce qui se vit à l’Argonne.
En juin 1992, arrive le moment du colloque, du buffet, puis le temps de l’exposition qui dure 4 jours. Il y eut ce jour-là, beaucoup de rencontres, d’échanges, de découvertes, de prises de parole des habitants devant les classes, des groupes. Ce fut un temps riche dans tous les domaines qui a donné l’envie d’écrire sur notre vécu, notre création collective. Mais dans notre Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs, personne n’a la compétence d’animer des ateliers d’écriture.
Cependant, il est à Orléans une association "Vivre et l’écrire" à qui nous avons demandé de nous faire écrire. L’atelier d’écriture démarre quelques mois après l’exposition. Pour l’information, nous l’envoyons par courrier ; mais nous donnons de main à main l’invitation aux personnes actives dans cette manifestation. Dès le premier atelier d’écriture, on rappelle quelques règles (pas le droit de juger un texte, on n’écrit que ce que l’on veut, on ne s’occupe pas de l’orthographe). Les habitants qui ne maîtrisent pas bien l’écrit se font aider par l’animateur, d’autres préfèrent écrire en arabe. A cette première rencontre, nous ne proposons pas la lecture de nos textes, mais très vite c’est le souhait de chacun. Et c’est là que nous découvrons la richesse des textes, la complémentarité, la diversité selon les cultures, les générations, les différentes communautés. Nous nous retrouvons toutes les trois semaines, pour écrire sur les saisons dans le quartier, la vie au quotidien, les événements positifs, négatifs. Rapidement, nous invitons aussi les salariés de la Régie de quartier, (projet d’habitants prenant en charge l’entretien et le nettoyage du quartier, espaces verts, cages d’escaliers.), occasion pour eux de pouvoir écrire sur le non-respect de l’entretien des parties collectives, sur la détérioration de la réhabilitation, sur la difficulté de pouvoir échanger avec les habitants en étant salariés de la Régie. En juin 1995, l’association "vivre et l’écrire", faute de permanent, ne peut plus nous aider à animer les ateliers d’écriture. C’est pourquoi je suis venue à la formation d’animateurs d’ateliers d’écriture afin que l’envie d’écrire ne s’éteigne pas, et afin que nous ne perdions pas toutes les richesses découvertes.
knowledge exchange, network for the exchange of knowledge, citizens network, network for the exchange of experience, urban neighbourhood
, France, Orléans
Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.
Original text ; Experience narration
(France)
MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr