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Eaux profondes : Gabès et Kébili, le contre-exemple

Mohamed Larbi BOUGUERRA

03 / 1993

Dans le Sud tunisien, au Sahara, le forage clandestin de nombreux puits et l’exploitation anarchique des eaux de la nappe profonde commencent à produire des effets pervers. De nombreux puits s’assèchent et certains exploitants sont acculés à la reconversion.

Gabès et Kébili sont en effet des villes importantes du Sud tunisien. Ce sont des oasis. Or, le Sahara tunisien est un milieu fragile qui ne supporte guère les actions désordonnées et les mesures intempestives. "Ignorer cette évidence, écrit le journaliste N.O., pourrait engendrer une rupture de l’équilibre de ce milieu et provoquer des effets pervers dont les conséquences pourraient être graves." La surexploitation des eaux des nappes profondes dans la région de Gabès et de Kébili fait partie de ces activités anarchiques qui commencent à produire des effets sérieux pour certains exploitants agricoles. L’exploitation excessive de la nappe est l’oeuvre d’exploitants agricoles qui ont investi de grosses sommes pour développer des cultures intensives dans un milieu peu propice : serres coûteuses, intrants chers (pesticides notamment), motopompes, matériel d’irrigation, etc... Mais la prolifération des forages clandestins (plusieurs centaines)dans ces régions, où la nappe est située à 50 mètres de profondeur, a amené une baisse sensible de la pression, ce qui conduira probablement les producteurs à se reconvertir. Ceci vient du fait qu’ils ont gaspillé l’eau (certains puits artésiens coulent 24h sur 24)et que tous les projets n’étaient pas adéquats. Dans certains endroits, la poursuite du pompage pourrait provoquer des conséquences irrémédiables telles que l’apparition d’eaux salées comme dans le Chott el Jérid.

Key words

agriculture


, Tunisia, Sahara

Comments

Pendant des siècles, les oasis se sont maintenues dans le Sahara sans le moindre problème et ont même constitué des centres de rayonnement culturel et des noeuds de communication capitaux. L’exemple de Gabès, oasis maritime du Sud tunisien, dont parlent les voyageurs grecs et que les Arabes ont fortement développée (culture de la canne à sucre et du coton dès le IXe siècle)est à cet égard très instructif. A quoi tient cet équilibre fragile? A un sens écologique inné et à la culture en étages : sous le palmier dattier, on cultive le grenadier et sous le grenadier, les tomates et les piments.

Dès que les subtils équilibres de l’oasis sont rompus par l’agriculture intensive sous serre de fleurs, de haricots verts ou de fraises, la catastrophe n’est jamais loin.

Source

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N.O. in. LA PRESSE DE TUNISIE, 1993/02/28 (Tunisie), 17975

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