Les ONG de l’action locale au changement global
02 / 1996
Après une époque où les promoteurs du changement social ne concevaient d’agir qu’au niveau politique, a succédé une période où a été réhabilitée l’action à la base, le micro projet, l’appui direct à la population. Mais mille petits projets font-ils à eux seuls du développement ? Les approches localistes peuvent-elles inspirer des programmes de gouvernement ? Comment réconcilier l’action à la base et le changement global, le micro et le macro ?
Les participants à la rencontre ont été invités à échanger des expériences et à débattre autour de ces questions, à partir de 8 projets d’ONG réalisés dans diverses parties du monde.
Il est vrai qu’il faut veiller à parler de relation micro-macro pour caractériser ce qui les intéresse ici, et non pas seulement de passage micro-macro, dans le sens d’une diffusion à grande ampleur des acquis d’une action limitée. En réalité, il existe un va et vient constant entre ces deux échelles. Mais cette relation prend des expressions différentes selon les situations.
- Pour certains, l’espace macro est conçu comme un cadre plus ou moins contraignant à l’épanouissement des initiatives locales. C’est le cas lorsque les rapports avec l’Etat et les administrations régionales s’avèrent déterminants pour le succès de l’action micro. Dans ce cas, la relation micro-macro est vue comme un jeu d’affrontement, de négociation ou de contournement de ces contraintes, ou bien d’adaptation de l’action elle-même.
- Dans le cas où le développement d’initiatives locales implique une ouverture sur un espace plus large, régional ou national, la relation prend une autre nature. On se confronte alors avec d’autres types de partenaires, notamment économiques, avec qui les synergies sont parfois possibles.
- Enfin, lorsque l’on désire diffuser une action jugée positive et la reproduire en d’autres lieux, les partenaires de l’espace macro sont divers, mais le promoteur de la diffusion est rarement le bénéficiaire, qui ne s’intéresse souvent à la relation micro-macro que dans la mesure où elle vient alimenter sa propre initiative. Ce type de préoccupation concerne plus spécifiquement les organismes d’appui, comme les ONG.
La relation micro-macro ne suppose pas nécessairement un affrontement avec les pouvoirs publics. Lorsque ceux-ci sont soucieux de l’impact ou de la pérennité d’une action donnée, ils peuvent constituer des alliés, même si la négociation avec eux n’est pas toujours facile. Lorsque cette dimension est présente dans l’esprit des responsables ONG dès l’origine de l’action, la relation micro-macro est en général beaucoup plus efficace. Elle imprime alors son empreinte à l’ensemble du projet en conditionnant les méthodes choisies, la nature des techniques expérimentées, l’existence d’activités de formation ou de communication, etc.
La relation micro-macro suppose des connaissances et des ressources spécifiques dont ne disposent pas toujours les acteurs de base, en particulier dans le troisième cas, celui de la diffusion d’acquis. Elle nécessite souvent des médiateurs et des processus de médiation, parfois même des structures ad hoc : réseaux d’échanges, centres de formation, outils de financement tels qu’organismes de crédit... Leur mise en place suppose une action volontariste et des savoirs-faire particuliers. De plus en plus d’ONG s’engagent dans ce type d’action. Cela ne va pas toujours sans quelques tensions avec les partenaires locaux, qui se sentent délaissés et ne voient pas toujours l’intérêt de la démarche. Parfois, dans le cas de projets productifs, ils peuvent même craindre l’apparition de concurrents.
Ce type de relation micro-macro suppose quelques repères déontologiques. Le risque est grand pour une ONG, en élargissant ainsi son champ d’action, de prendre une place décisive dans un processus de développement et de faire avancer ses propres options aux dépens de celles des organisations de base avec lesquelles elle travaille, tout en mettant en avant les aspirations de ces dernières lorsqu’elle doit négocier par exemple avec les pouvoirs publics. Mais la diffusion d’acquis est aussi un outil de reconnaissance et de légitimation essentiel du droit de la population à l’initiative, et c’est pourquoi il parait important d’encourager les acteurs de base eux-mêmes à s’y investir.
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, Tanzania, Congo, Ecuador, Brazil, Peru, Mexico, Chile
Colloquium, conference, seminar,… report
FPH=Fondation Charles Leopold Mayer pour le progrès de l'homme, Les ONG et le changement social : la relation micro-macro, FPH, 1992 (France), n° 18
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