Existe-t-il, pour l’agriculture mondiale, une voie d’avenir entre le modèle libéral et le modèle socialiste ? La plupart des grands projets agro-industriels mis en place dans le tiers monde ont fait faillite; la décollectivisation bat son plein en Chine, en Russie ou en Algérie ; les problèmes écologiques (pollutions), économiques (excédents, faillites)et sociaux (désertification rurale, exode agricole)hypothèquent le modèle occidental. Le contexte est favorable pour repenser la question d’une nouvelle voie, celle d’une agriculture paysanne modernisée. Mais qu’est-ce qu’une agriculture paysanne ? Pour certains, c’est une agriculture familiale associée à une organisation coopérative ou associative des activités d’amont (approvisionnement, crédits...)et d’aval (écoulement des produits). Mais l’agriculture paysanne se reconnaît aussi par l’adoption d’objectif sociaux et écologiques, l’enracinement dans un territoire, la (relative)autonomie de décision de l’agriculteur, la reproductibilité à long terme.
Pourquoi promouvoir l’agriculture paysanne ?
- Plus soigneuse, faisant appel à la responsabilité de l’agriculteur, elle autorise souvent de meilleurs rendements à l’hectare que dans les grands domaines : l’intensification est surtout importante dans les pays du Sud.
- Valorisant d’abord les ressources locales, elle est centrée sur les besoins du pays et moins sensible aux crises internationales.
- Si le petit agriculteur a la garantie de disposer durablement de sa terre, il entretient la fertilité des sols, préserve les milieux naturels et gère mieux le territoire.
- L’agriculture paysanne permet de fixer des emplois en milieu rural.
- C’est le choix le plus fréquent, en termes d’organisation sociale, des sociétés rurales. Elle assure une certaine cohésion de la société et est porteuse d’efficacité collective.
Malgré ces avantages, l’agriculture paysanne ne représentera une voie d’avenir que si elle offre des perspectives attractives, notamment pour les jeunes. Pour lui donner sa chance, cinq conditions sont nécessaires :
1. La garantie, pour les agriculteurs, de disposer durablement de la terre.
2. L’existence d’organisations professionnelles fortes et solidaires.
3. La mise en place d’espaces économiques régionaux protégés.
4. L’appui des secteurs de la recherche et de la formation dans la mise au point de techniques adaptées.
5. L’existence d’un pacte social favorable à l’agriculture paysanne, c’est-à-dire d’un choix politique explicite en sa faveur.
Réalisé en 1989, cet argumentaire constitue l’un des textes fondateurs du programme "Agriculture paysanne et modernisation" de la FPH. Une vingtaine d’entretiens avec des chercheurs, enseignants, animateurs et agriculteurs français et 35 notes de lecture font suite à la synthèse.
countryman farming, agricultural policy, State and civil society, countrymen’s organization, rural environment, production system, production, management of natural resources, sustainable development, farmer, productivity, rural exodus
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Book
DELPEUCH, Bertrand, FPH in. Série "Dossier pour un Débat", 1989/03 (France), N° 1
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr