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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Tribune libre sur les actions de solidarité internationale et sur leur devenir à travers l’exemple d’ERM au Guatemala

Le jeu et l’activité physique et sportive

David PELAGE

06 / 1997

Toute initiative de venir en aide à l’autre, d’aller vers autrui est a priori positive et louable. Notre époque de précarité et d’exclusion suscite de plus en plus de vocations et de projets dans le domaine de la solidarité et de la solidarité internationale en particulier. Des moyens énormes (même si toujours insuffisants)sont mobilisés, des métiers nouveaux sont apparus, des vies entières ont été vouées à la cause des plus pauvres et cela pour quels résultats d’ensemble? Le rapport du PNUD 1997 insiste sur la réduction des grandes poches de pauvreté, montre que les efforts ont été réels mais aussi que les chantiers futurs sont immenses, que les inégalités se creusent et qu’un milliard de personnes ne disposent que d’un dollar par jour pour vivre.

Il aurait été intéressant de réfléchir plus généralement à ces questions (volonté individuelle-volontés collectives ; avant-durant-après), à celles des motivations dites et non dites de l’action solidaire, à la question de savoir pourquoi on veut rechercher le bonheur des autres avant bien souvent de l’avoir trouvé individuellement soi-même... De cette réflexion de fond, il ne sera pas question ici, car cela n’en est pas le lieu. Il sera davantage question, à travers des expériences vécues et réalisées, de faire ressortir des éléments susceptibles d’être profitables au plus grand nombre. En n’oubliant jamais ce pourquoi nous le faisons.

CONTEXTE

ERM développe depuis 1987 des programmes d’éducation et de santé au Guatemala. Le concept-clé d’intervention de l’association est de permettre aux enfants de jouer, car même réfugié, même sans toits ni soins, il doit s’adonner à l’activité principale et universelle de tout enfant : le jeu. Nul ne pourrait contester le bien-fondé de ce postulat et sa pertinence.

CONSTATS

Qu’en est-il sur le terrain? Qu’en sera-t-il demain? Différentes activités ludiques sont proposées aux enfants dans le cadre d’ateliers pour adolescents, de jardins d’enfants pour les plus petits, d’initiation à l’hygiène et à la santé dans le cadre des écoles pour les enfants scolarisés. Ces activités sont principalement : le dessin, la peinture, le tissage, l’expression orale via contes et pièces de théâtre, la menuiserie, l’initiation à des jeux de société ou de rôles, les sorties de découverte, les jeux de coopération. Ces derniers sont plus conçus comme des activités libres ou de transition entre deux activités plus organisées.

Le constat personnel fait au contact des enfants et des adolescents (6 - 16 ans), scolarisés ou non est que l’activité physique, le sport (football et basket en particulier)ne sont que peu pris en compte dans l’attention globale portée aux enfants. Or spontanément, «naturellement», l’enfant peut rester des heures à taper dans un ballon, à faire rouler un vieux pneu à l’aide d’un bâton ou à faire rebondir inlassablement une balle. Jamais on n’a plus l’impression que l’enfant fait là son véritable métier. A plusieurs s’improvisent des rencontres passionnées et interminables de football, où les lignes ne sont qu’imaginaires, les buts que virtuels. A l’école, rares sont les espaces consacrés à la pratique des activités physiques et sportives, alors les temps de récréation sont mis à profit par les jeunes pour se défouler physiquement sous l’oeil lointain du maître d’école...

PROPOSITIONS

Ce constat d’une carence à un besoin vital de l’enfant appelle manifestement une réponse. Les activités physiques et sportives, négligées dans les pays riches à quelques exceptions près (pays nordiques), doivent être partie prenante des programmes proposés aux enfants. Organisées et facilitées, elles apportent aux enfants les valeurs principales dont ils pourront s’inspirer dans l’avenir : goût de l’effort, connaissance de soi (la tête et les jambes), confiance en soi, entraide et solidarité, compétition sans rivalité ni violence, sociabilité, respect des règles communes, dépassement de soi, maîtrise du stress, de l’enjeu, acceptation de l’échec, convivialité...

La sensibilisation des pouvoirs publics, des responsables éducatifs, des familles en ce sens devrait pouvoir se réaliser. Des moyens peuvent être trouvés (auprès de donateurs privés ou publics, le sport étant un secteur marchand gigantesque)afin d’initier ou d’appuyer des initiatives de formation d’animateurs ou de professeurs, afin de réhabiliter ou créer des espaces de pratiques des activités physiques et sportives.

Il existe en France des associations utilisant le sport comme moyen d’intégration et d’insertion des jeunes dans les quartiers difficiles : sans en faire la panacée, des résultats tangibles sont réalisés à la condition de ne pas faire à la place de mais avec. A la condition de savoir se retirer quand il faut à charge aux animateurs ou leaders locaux de poursuivre et de développer les actions. Une organisation comme Droit de Cité (1)est en train de fédérer ces actions, d’en capitaliser l’expérience et de rechercher de nouvelles pistes d’intervention pour que les jeunes ne soient pas perçus comme un problème mais soient plutôt une partie des solutions. ERM comme d’autres ONG (2)ont un rôle à jouer sur ces terrains où sport rime bien souvent avec paix.

Key words

child, school, young person


, Guatemala

Notes

David PELAGE est licencié en Droit, Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques, moniteur de tennis breveté d’Etat, consultant en communication pour les organismes de l’économie sociale, collectivités locales et organisations internationales. Coordinateur ERM Guatemala 1994-1995

(1)Droit de Cité, contact : Jean-Pierre MASDOUA, Tél: 01 53 09 92 10.

(2)Sports Trans Frontières, contact: Eric SAPHY, Tél: 01 45 21 94 21. E-mail: pb13@calva.net

Source

Original text

ERM (Enfants Réfugiés du Monde) - 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil cedex, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 59 60 29 - France - erm (@) erm.asso.fr

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