09 / 1996
Logossou Kodjo Adri est le Secrétaire Général du Comité Villageois de Développement (CVD)de Gbokope, au Togo. Son village a adhéré à l’Association Village-Entreprise en 1985.
"Ce Comité a été créé par nous, les villageois. Pour que le travail se fasse dans le village, il fallait une personne ou un organisme pour diriger les gens. Le but du Comité est d’assurer le développement du village. Il est né, en 1985, avec deux objectifs principaux : construire un barrage et améliorer les infrastructures. Mais pour satisfaire ces besoins, nous avions besoin d’appui. Ainsi, pour trouver l’eau pendant la saison sèche, il fallait faire deux0 km et aller jusqu’au Ghana. Dans notre village, nous avons expliqué aux techniciens de l’AVE que notre problème était d’obtenir, pour nous et nos enfants, l’eau puis une piste en goudron depuis la route jusqu’au village pour faciliter la commercialisation de nos productions. Nous avions ouvert un champ collectif de deux hectares pour tout le village, dans lequel nous faisions du reboisement. Nous leur avons alors dit que notre effort propre serait constitué par un champ collectif et que nous allions rembourser petit à petit les investissements faits pour réaliser le barrage. L’AVE nous a expliqué que pour faire le barrage, nous aurions besoin de telle et telle chose et un montant de 250.000 FCFA (soit à l’époque 5.000 FF). Le barrage est, en fait, une petite retenue d’eau. Pour le champ collectif, l’AVE nous donne des intrants (semences de maïs et engrais)à crédit. Après la récolte et l’égrainage, nous lui vendons notre production et recevons de l’argent. Après avoir déduit le prix des intrants, le revenu restant est partagé en trois :
une partie reste dans la caisse du Comité au village, une deuxième est versé dans la caisse de réinvestissement de l’AVE et la troisième est versée à une caisse commune appelée "Caisse Intersolidarité" à laquelle les 68 villages de l’AVE contribuent.
On a mis en place ce système et, à la fin des deux premières saisons, nous avons pu obtenir les 250.000 CFA. Par la suite, nous avons travaillé pendant quatre ans, de 85 à 88, mais la réalisation du barrage n’a pas abouti. La confiance restait quand même vis à vis de l’AVE. Dans toutes les réunions où leur représentant venait, on lui rappelait notre accord. Un jour, nous lui avons dit que si jamais le barrage ne se faisait pas, il allait y avoir du "dépaysement" !
En 1989, le barrage fut construit et maintenant nous sommes convaincus. Après sa réalisation, que nous fallait-il ? Une école-relais pour nos enfants. Pour la construction de l’école, il y avait certains critères fixés par l’AVE. Il fallait un terrain de quatre hectares et un champ de 1 hectare de reboisement. Toutes ces conditions remplies, nous avons pu avoir l’école. Après l’école, nous avons eu des cribbs de séchage (là où nous stockons le maïs avant l’égrenage)et un magasin.
En 89/90, j’ai été formé en communication audiovisuelle, c’est à dire à la projection de montages diapos, etc. En regardant les montages sur les groupements du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal, on s’est rendu compte que nous faisions de la paresse, que les gens là-bas, malgré un sol pauvre et sec, arrivaient quand même à faire du maraîchage, qu’ils arrivaient à tout produire et avaient de ce fait de l’argent. Alors nous nous sommes mis au travail. Ce genre de communication peut nous apporter beaucoup, à nous, les paysans. Avec ces outils simples, adaptés à notre milieu, cela permet d’apprendre sans être enfermé dans une classe et dans des structures scolaires et rigides."
countrymen’s organization, countryman farming, local development, participation of farmers, access to water, school
, Togo, Gbokope
Une ONG togolaise épaule des comités villageois. Le secrétaire général d’un de ces comités, celui de Gbokopé, montre que le village a eu la patience d’attendre que les programmes d’aide viennent compléter ses efforts propres pour l’eau, la piste, l’école, l’information et la production de maïs.
Interview de Logossu Kodjo Adri, AVE-Togo, par Mamadou Goïta, Mbalmayo au Cameroun, mars 1996
Entretien avec ADRI, Logossu Kodjo
Interview
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