La culture du café expose une tribu d’Indiens d’Amazonie à une infection fongique potentiellement fatale. Plus de 40% des membres de la tribu Surui qui vivent dans l’Etat de Rondonia sont en effet infectés par un champignon qui provoque des problèmes dermiques et pulmonaires. Si ces infections ne sont pas traitées, elles creusent des cavités dans les poumons, des inflammations étendues s’installent et une méningite fatale peut parfois survenir.
Les chercheurs brésiliens de la Fondation Oswaldo Cruz pensent que le champignon responsable vit dans le sol et qu’il est inhalé lors du travail de la terre, avant la plantation du caféier. Facteur aggravant: l’arbuste nécessite un désherbage minutieux. De plus, les Surui utilisent dans ce but la machete et non la houe et sont donc plus près du sol .
La maladie est en réalité courante en Amérique latine mais a toujours été confondue avec la tuberculose. Le café est arrivé dans la région, dans les années 70, à l’initiative des autorités et dans le cadre de leurs efforts pour coloniser l’Amazonie. Les migrants quittèrent cependant la région dans les années 80 et les Surui prirent leur relève, dans les plantations de café.
En vérité, le café provoqua chez les Indiens, bien d’autres ravages que les infections pulmonaires. Il amena l’effondrement de l’agriculture de subsistance traditionnelle et rendit les Indiens dépendants des cultures de rente et donc du marché. Ils furent écrasés par la chute des prix et une inflation à plus de 30% par mois a eu raison de tous leurs efforts. De plus,ils doivent maintenant acheter leurs aliments et certains font l’amère connaissance de la malnutrition devenant plus susceptibles au paludisme endémique de l’Amazonie.
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Triste est l’histoire des pauvres Indiens Surui. Triste mais guère une nouveauté hélas! Nombreux sont les peuples du Sud que les cultures de rente ont crucifié. Dans un livre célèbre publié en 1979 "Food First" Frances Moore Lappé et Joseph Collins de l’Institut for food and development policy de San Francisco affirment que le gouvernement sénégalais, en pleine sécheresse, en recourant aux gendarmes, contraignait les paysans à faire des cultures de rente. En Tanzanie aussi, on faisait passer le café avant la nourriture. Pourquoi? Exporté, celui-ci rapportait les devises nécessaires à l’Etat pour payer ses diplomates et importer climatiseurs et équipements divers pour les citadins. De plus, la manipulation des écosystèmes ne se fait jamais de façon gratuite: il y a un prix à payer, souvent par les plus pauvres et les plus démunis et jamais par les décideurs de la capitale ou les experts.
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HOMEWOOD, Brian, Indians dying for a cup of coffee, IPC Magazines Ltd in. NEW SCIENTIST, 1995/06/17 (ROYAUME UNI), vol. 146, n°1982