Le dilemme du forestier
04 / 1996
Cet article du New York Times (repris par Courrier International)parle du pari risqué du Surinam, petit pays d’Amérique du Sud (420 000 habitants)devenu indépendant de la Hollande en 1975. Ce pari consiste à permettre à de très grandes firmes asiatiques d’exploiter les ressources forestières du pays. Or ces forêts sont à la base des moyens de vie des populations composées des descendants d’esclaves ayant fui l’exploitation des sociétés sucrières néerlandaises au XVIIIème siècle et des Indiens Caraïbes qui vénèrent certains arbres sacrés appelés Kankan et sont prêts à tout pour les défendre ainsi que 45 autres essences. Ces populations et leurs chefs rejettent les propositions du gouvernement. Les sociétés géantes (Berjaya Group Berhad qui pèse deux milliards de dollars, Mitra Usaha Sejati Abadi MUSA et Suri-Atlantic)avec lesquelles l’Etat du Surinam traite sont originaires de Malaisie et d’Indonésie, pays où la déforestation est importante. Exsangue au sortir de la longue colonisation hollandaise, le Surinam, qui manque désespérément de devises veut concéder à ces sociétés le droit de procéder à des coupes sélectives d’arbres séculaires sur 4,8 millions d’ha soit 40% du territoire- pour faire du contreplaqué, des moulures ornementales et des meubles. En échange, ces entreprises promettent d’investir plus de 2,5 milliards de francs d’où un gain de 300 millions de francs de droits et taxes pour le Trésor et des milliers d’emplois. Mais les écologistes locaux et de paRle monde sont inquits et pensent que le Surinam n’a nullement les moyens de contrôler des sociétés de ce type. Même si ces critiques ont contraint le pouvoir à durcir les contrats passés, la vie des populations indigènes serait gravement perturbée par ces exploitations herculéennes.
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, Suriname, Amazonia
L’article du New York Times est pervers dans la mesure où il ressasse des faits connus sans offrir la moindre issue. D’autant qu’il s’agit d’intérêts asiatiques investissant dans l’arrière-cour des Etats Unis c-a-d l’Amérique du Sud. De plus, ces étonnements vertueux laissent de marbre les gens avertis: l’exploitation de la forêt aux Etats Unis va bon train et le lobby du bois fait quasiment ce qu’il veut. La forêt amazonienne du Surinam doit être protégée. Mais les gens qui se soucient du réchauffement global devraient savoir que les pays pauvres ne sont pas responsables des émissions des voitures de Chicago, de Los Angelès ou de Paris. Le Surinam peut et doit se développer. Il doit être payé pour protéger ces "poumons de la Terre".
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DePALMA, Anthony, COURRIER INTERNATIONAL in. COURRIER INTERNATIONAL, 1996/09/29 (France), N° 256