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Un voyageur clandestin ravage les récoltes de l’île

Mohamed Larbi BOUGUERRA

02 / 1996

Un minuscule insecte exotique Maconellicoccus hirsurus, jamais vu dans l’hémisphère occidental, est en train de détruire la végétation et les récoltes de la Grenade. Il menace en outre, non seulement les Caraïbes, mais aussi des zones bien plus éloignées, comme l’île vénézuelienne Margarita et même la Guyane sur le continent. Au cours des deux dernières années, il s’en est pris à plus de deux cents arbres et récoltes. Pour les spécialistes,il s’agit d’un désastre naturel. Les arbres de bois précieux n’ont plus de feuillages et on ne récoltera, cette année, ni cacao, ni okra ni oseille. Pour l’heure, seule semble épargnée la récolte de muscade. La Grenade fournit le quart de la production mondiale de cette épice. Pour certains, l’insecte est arrivé dans les bagages de la mission diplomatique taïwanaise. L’île de la Dominique craint le pire pour sa principale richesse: la banane. S’agissant de la Grenade- le pays le plus mal loti des Caraïbes- l’insecte a provoqué la perte du quart du PNB. Les paysans n’ayant plus de moyens de subsistence se comptent par milliers et les denrées alimentaires sont hors de prix. Ce désastre ne va pas sans rappeler celui qui a frappé dans les années 70 et 80 les champs de cassava d’Afrique du centre et de l’ouest quand un insecte sud-américain les infesta. En Afrique comme à la Grenade, la catastrophe trouve son origine dans le fait que l’insecte est arrivé seul, non accompagné de ses prédateurs habituels. Il a pu alors prospérer sans aucun frein. En Afrique, le contrôle a été réalisé par l’importation d’un prédateur originaire du Paraguay qui a rapporté un Prix prestigieux à son découvreur. Une minuscule guêpe de Chine Anagyrus kamali pourrait débarrasser la Grenade de ce terrible nuisible.

Key words

harmful insect, environmental degradation


, Grenada, Caribbean

Comments

il est fondamental de noter que les insecticides ne sont pas ce qu’une vaine publicité tente de faire croire à des paysans aux abois. Ils n’ont pas pu contrôler l’infestation à la Grenade. Comme précédemment en Afrique, l’invasion ne sera jugulée que par l’introduction des méthodes biologiques de contrôle, extrêmement bénéfiques tant sur le plan économique que sur celui de l’environnement puisque on fait l’économie de l’épandage de produits polluants les écosystèmes fragiles des tropiques dans le cas présent. Il faut faire connaître ces succès si l’on veut réduire le déluge de poisons qui est hélas trop souvent déversé dans notre environnement avec les pires retombées: résidus toxiques, pollution multiforme, résistance, intoxications....

Source

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PEARCE, Fred, Stowaway wrecks island's crops, IPC Magazines Ltd in. NEW SCIENTIST, 1996/01/27 (ROYAUME UNI), vol.149, N°2014

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