La pratique de la psychothérapie avec les enfants déficients auditifs indique que le développement d’une estime de soi positive semble particulièrement difficile pour ces jeunes. Maurice REY (1984)a d’ailleurs écrit que la surdité constitue une blessure narcissique dans l’identité de l’enfant.
Quelques exemples de jeux symboliques et de dessins dévoilent cette blessure narcissique. Toutefois, il est d’emblée difficile pour un enfant déficient auditif de symboliser cette blessure par le langage. Il est probable que l’enfant se protège généralement de cette blessure narcissique en agissant plutôt qu’en intériorisant.
Il est permis de penser que l’enfant externalise dans ses relations interpersonnelles, au moyen de projections et d’identifications projectives, la version interne de l’expérience vécue face à la déficience auditive (Furman, 1980; Odgen, 1983). Pour reprendre la métaphore de Mc Dougall(1984), des rôles du théâtre interne de l’enfant sont distribués et mis en scène dans les relations, notamment avec les intervenants. Les réactions affectives induites chez eux constituent en quelque sorte une caisse de résonance du monde interne de l’enfant déficient auditif. Plus précisément, il est permis de supposer que les enfants déficients auditifs, sans qu’ils en soient nécessairement conscients, se défendent de leur souffrance narcissique en infligeant, par leurs comportements ou leurs attitudes, la douleur de la honte aux intervenants de l’équipe pluridisciplinaire.
L’expression défensive et masquée de la blessure narcissique peut se manifester dans les relations interpersonnelles de diverses manières, notamment par la rage narcissique et la mégalomanie.
Les attitudes méprisantes manifestées parfois par les enfants déficients auditifs, qui désavouent ainsi la honte en la projetant sur un intervenant, constituent d’autres expressions défensives de la blessure narcissique.
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Il est permis de penser qu’il soit difficile pour les intervenants des équipes pluridisciplinaires de faire preuve de compassion quand ils subissent des blessures narcissiques inflligées par l’enfant sourd. Même s’ils désirent consciemment agir pour le bien de l’enfant, les professionnels risquent de devenir à leur tour blessants ou rejetants dans leurs interventions. Le défi des intervenants consiste à faire preuve d’empathie avec l’enfant blessant, puisque cette attitude est une condition essentielle au développement de l’estime de soi selon Kohut (1978). En symbolisant l’expérience affective éveillée dans leurs interactions avec l’enfant déficient auditif, les intervenants pourront l’aider à faire face à ce qui est pour lui encore indiscible.
GESTES a organisé à Paris le troisième congrès international de l’ESMHD European Society for Mental Health and Deafness, en décembre 1994. Une publication des actes sera faite ultérieurement.
Fiche rédigée d’après l’intervention de: ROBERGE, Louise, psychologue, Institut Raymond Dewar, 3600 Berri, Montréal (Québec), H2L 4G9, CANADA.Tel 00-1(514)284.2581 Télécopieur 00-1(514)284.0699
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ROBERGE, Louise, GESTES
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