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dialogues, proposals, stories for global citizenship

L’organisation d’un voyage d’études de cadres malgaches du secteur maritime en France

Sophie NICK

02 / 1996

Eliane Maheut est coordinatrice de formation dans le milieu maritime. Elle vit au Havre (Normandie), est mariée à un ancien pêcheur et a créé une association de femmes de pêcheurs.

"Six Directeurs des pêches malgaches sont venus en 1994 pour voir les structures professionnelles et institutionnelles dans le milieu de la pêche en France, en Normandie plus exactement. Ce voyage était organisé par le CEASM (Association pour le développement des activités maritimes)et je servais de relais au Havre avec Alex (mon mari qui est directeur de la coopérative maritime). Pendant un mois, on leur a organisé des visites, on a été voir toutes les instances professionnelles du milieu maritime, on a expliqué toute l’organisation professionnelle du comité central des pêches aux comités locaux, l’organisation des marchés, des criées, des institutions sociales, des centres de recherche, le système bancaire, les circuits de commercialisation, les structures de formation... On a aussi visité une usine de transformation labellisée ISO 9002 ; il n’y en a pas beaucoup à l’heure actuelle. A Paris, ils ont été voir Rungis (grand marché central).

Je trouve que six personnes, c’est un peu trop. J’ai regretté qu’ils ne puissent pas s’intégrer un peu plus dans les institutions, travailler un peu dans celles-ci pour voir leur fonctionnement. C’est un peu dommage. En ce qui concerne les transports, c’était également un peu compliqué à cause de leur nombre. Il y avait un côté formation mais on se devait de leur montrer aussi tout ce qu’il y a autour. On les a emmenés voir des sites touristiques par exemple. La préoccupation des structures d’accueil était malheureusement de consacrer le moins de temps possible aux Malgaches car tout le monde était noyé dans le travail. Ca s’est bien passé parce que nous sommes connus et les responsables des institutions savaient que si on leur envoyait des gens il n’y aurait pas de problèmes. C’est toujours un peu ça qu’ils redoutent. Pour la visite d’une usine où nous ne connaissions personne, ça a été plus compliqué. Les Malgaches ont été accueillis partout. En dehors du Havre, on les présentait à une personne référente vers qui ils pouvaient se retourner en cas de problème, on leur faisait faire le tour des lieux et on les laissait. Ils ont ainsi passé trois jours à Dieppe et trois jours à Fécamp (deux ports normands). Ils avaient quand même un peu d’autonomie tout en étant encadrés. Ca a été beaucoup de préparation et j’aurais aimé avoir encore un peu plus de temps pour l’organisation mais les Malgaches étaient très satisfaits et c’est ce qui est le plus important. Je pense que ce voyage là correspondait vraiment à leurs attentes. Il faut toujours s’assurer avant que c’est bien le cas.

On n’a pas assisté à tous les entretiens parce qu’on ne souhaitait pas être censeurs sans le vouloir. Ils avaient des conversations qui devaient être personnelles avec les gens qui les accueillaient lors des visites. Etant en permanence dans ce milieu, nous pouvions avoir des à priori, nous aurions pu déformer leurs pensées en orientant le dialogue. Ca nous semblait important et ils étaient très satisfaits de ça.

J’aurais aimé que soient mêlés au groupe quelques pêcheurs malgaches car les participants ne représentaient qu’une petite partie de la filière. Les Directeurs des pêches sont des technocrates, ils n’ont pas beaucoup de sens pratique. Des pêcheurs auraient certainement posé des questions plus concrètes. Quand ils vont rentrer chez eux, c’est une donnée qui va leur manquer.

Nous ne leur avons pas laissé beaucoup de répit et ils étaient même très fatigués quand ils sont repartis car ils ne vivent pas au même rythme que nous. Nous avons peut-être été un peu ambitieux par rapport à ça. Ils étaient dépaysés, n’avaient plus de repères, il fallait qu’ils assimilent des nouvelles données et ça allait trop vite. Je n’avais pas de recul suffisant pour mesurer cela car je n’ai jamais été à Madagascar. Si j’ai à organiser d’autres voyages, j’essaierai maintenant d’intégrer cette donnée là.

Le groupe était composé de personnes ayant des responsabilités dans le domaine de la pêche à Madagascar. Ils étaient très ouverts. L’échange a été très fructueux et on espère qu’il pourra être prolongé. A leur départ, on leur a dit de ne pas hésiter à nous écrire s’ils voulaient des renseignements."

Key words

fishing, sea, State and civil society, fishermen’s organization


, France, Madagascar

Comments

"Pour nous aussi, ça a été très enrichissant. Le regard de personnes extérieures permet de voir le positif et le négatif de nos systèmes parce que, quand on met tout à plat, on voit que c’est loin d’être rose. Ca nous permet de nous remettre en question. Quand on est dans un milieu, on n’en voit pas toujours toutes les facettes."

Notes

Entretien réalisé par Sophie Nick au Havre dans le cadre de la capitalisation d’expérience du CEASM. Eliane Maheut fait partie du conseil d’administration de cette association.

Entretien avec MAHEUT, Eliane

Source

Interview

CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Le CEASM a arrêté ses activités en 2001. - France

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