La stratégie environnementale de la Banque mondiale repose sur un principe simple : pour être réel, le développement doit être durable. Autrement dit, les moyens de développement économique d’aujourd’hui doivent pouvoir être utilisés par les générations à venir… Cette stratégie est d’une importance capitale, tant par l’ampleur des opérations qu’elle finance, que pour l’exemple qu’elle propose aux autres institutions de financement. Au cours de l’exercice 1991, 83 projets sur 229 opérations financées par la Banque mondiale, ont présenté des liens avec la protection de l’environnement.
Le premier impératif est d’obtenir l’adhésion d’un Etat à une stratégie nationale cohérente de protection de l’environnement. Ces plans à long terme permettent de définir des projets à moyen terme, tels le projet de gestion de l’environnement au Burkina-Faso, le projet de lutte contre la pollution industrielle en Inde, ou encore le projet de développement des sciences de l’environnement au Brésil.
En outre, la Banque mondiale est directement associée au Programme pour l’environnement dans la Méditerranée. Ce dernier, avec la Banque européenne d’investissement, a financé en 1992 une soixantaine d’actions dans une dizaine de pays, dans les domaines de la gestion intégrée des ressources en eau, la gestion des déchets solides et des déchets toxiques, la prévention de la pollution marine et la gestion des zones côtières.
Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), créé en 1990 à l’initiative du gouvernement français, devait disposer d’environ 1,3 milliards de dollars pour une période de trois ans. Géré en commun par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et la Banque mondiale, il soutient quatre types d’actions : l’utilisation de formes d’énergie qui ne contribuent pas au réchauffement de la Planète, par le soutien d’interventions permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre ; la préservation de la diversité biologique de la Planète ; la protection des eaux internationales, là où la pollution transfrontalière est néfaste pour la pureté de l’eau ou le milieu marin ; l’arrêt de la destruction de la couche d’ozone.
Mais cette action a parfois des ratés… Trois projets financés par la Banque mondiale resteront dans les annales.
En 1985, contre l’avis du ministère indien de l’environnement, la Banque mondiale attribua un prêt de 450 millions de dollars pour la construction du barrage de Sardar Sarovar. Celui-ci est la pièce maîtresse d’une série de barrages (33 grands, 136 moyens et 3000 petits)! L’impact écologique et humain est à peine imaginable : inondations des terres les plus fertiles, de 3500 km2 de forêt, déplacement forcé de plus d’un million de personnes, destruction d’un lieu de pélerinage séculaire, protestations d’un nombre croissant de scientifiques, opposition interne au sein de la Banque mondiale, etc.
Le plan de transmigration indonésien prévoyait de déplacer des habitants des îles centrales indonésiennes très peuplées, en particulier Java et Bali, vers les îles extérieures, plus faiblement peuplées de l’archipel : Papouasie occidentale, Bornéo, Sumatra. Présenté comme une opération humanitaire, ce programme avait déjà déplacé 3,6 millions de personnes en 1984 sur les 65 millions prévus.
En fait, l’Etat indonésien a cherché à cette occasion à intégrer d’avantage les populations « tribales » des îles extérieures selon le modèle de société dominant, à éradiquer l’« animisme », et à inculquer la notion de travail.
D’autre part, les problèmes de destruction forestière sont apparus (un tiers de la forêt indonésienne), et les terres défrichées ne permettent pas de vivre ! Les conflits entre migrants et autochtones n’ont cessé de s’envenimer. L’armée est intervenue en Papouasie occidentale - Irian Jaya - pour déloger les populations tribales accusées d’être sécessionnistes. En 1986, le HCR comptait 10 500 réfugiés dans les camps en Nouvelle Guinée voisine.
Le projet de financement par la Banque mondiale de l’infrastructure pour l’extraction de minerai de fer au Carajas, partie orientale de l’Amazonie brésilienne, était un non-sens. Il était prévu que les fonderies de fer utiliseraient pour combustible le charbon de bois obtenu en brûlant la forêt vierge des alentours ! De plus, toutes les études sur le sujet ont démontré qu’en moins de 20 ans, l’industrie aurait épuisé tout le bois disponible !
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, India, Indonesia, Brazil
Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie
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LAFOURCADE Olivier, BERTRAND Agnès, L’état de l’environnement dans le monde, La Découverte, FPH, 1993/04 (France)
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