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Les agricultures dans le monde : quels enjeux globaux pour l’avenir ?

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1993

Michel GRIFFON relève quatre questions prioritaires pour l’avenir des agricultures dans le monde :

1. La sécurité alimentaire pour les pays à forte croissance démographique est-elle possible ?

En Asie, l’accroissement de la population obligera à doubler les rendements actuels en 30 ans. Améliorer la culture irriguée en limitant les problèmes écologiques obligera à rechercher de nouvelles variétés et à accélérer la mécanisation. Mais les régimes hydriques risquent d’être perturbés. Intensifier l’agriculture pluviale présente des risques d’érosion. Un atout cependant pour l’Asie : la rapidité d’apprentissage et la capacité d’adaptation de la population.

En Afrique sub-saharienne, les difficultés sont plutôt d’ordre institutionnel que technique : échanges commerciaux difficiles, services aux agriculteurs déficients. Etats en crise... L’avenir de l’agriculture passe par la capacité de la population à réformer ses institutions : l’agriculture finance trop lourdement le fonctionnement de l’Etat, ce qui limite sa capacité d’investissement.

Les pays du Maghreb ont des possibilités de production physiquement limitées, et leurs importations vont certainement augmenter.

Dans l’avenir, le risque de pénurie alimentaire n’est pas à exclure, et les pays excédentaires devraient conserver la possibilité de produire au delà de leurs nécessités.

2. La montée actuelle de la compétition sur les marchés internationaux est-elle globalement bénéfique ?

La course à l’exportation fait chûter les prix des produits agricoles et semble peu favorable aux pays du Sud. L’avenir est sans doute aux accords régionaux : CEE, NAFTA, MERCOSUR, AFTA, etc... qui pourront marquer une pause dans la course à la compétitivité et en réduire les coûts sociaux.

3. La pauvreté rurale peut-elle être durablement réduite dans les pays à faible revenu ?

Le processus actuel de libéralisation accélère le rythme d’évolution de nombreuses sociétés, qui ne peuvent pas toutes s’adapter. Il faudrait mieux réguler dans la durée la compétition internationale.

4. Que peut-on attendre des agricultures pour limiter et réduire le risque de changement climatique global ?

Dans beaucoup de pays, la pauvreté des agriculteurs interdit d’entretenir durablement les agro-écosystèmes : c’est en particulier le cas de l’agriculture sur brûlis : nécessaire à court terme pour les agriculteurs, elle dégrade à long terme le capital écologique. Ce mouvement a une très lourde inertie. Les politiques agricoles devront mieux intégrer deux objectifs : l’intensification des pratiques agricoles sur les terres déjà cultivées, et l’encouragement de l’agro-foresterie.

L’aide publique au développement n’est pas à la hauteur des défis actuels. Il est donc nécessaire d’harmoniser les politiques agricoles nationales et d’établir de nouvelles règles de fonctionnement des marchés internationaux, sur la base d’une nouvelle philosophie commune.

Key words

food sovereignty, sustainable development, agriculture and environment, influence of market on agriculture, state intervention in agriculture, deforestation


, Asia, África, Maghreb

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Michel GRIFFON est économiste au CIRAD

Source

Colloquium, conference, seminar,… report

GRIFFON, Michel, Association Descartes in. AGRICULTURES ET SOCIETE, 1993/02/08 (France)

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