08 / 1995
Nouveau logiciel, nouveau manuel, nouveau Thesaurus. Pour cet été de l’hémisphère Nord, DPH offrait du travail de vacances à qui n’était pas encore saturé de fiches et de mots-clés. Je fais donc mes exercices: reprendre une centaine de fiches et les adapter aux nouveaux instruments. C’est là l’occasion de bien des réflexions.
La tâche la plus exigeante et aussi la plus stimulante est sans doute la révision et adaptation de l’indexation en fonction du nouveau Thesaurus. Je viens de finir mes fiches et je constate, oh surprise!, que j’ai autant créé de nouveaux termes pour mon usage interne que je n’en ai adopté dans les apports du récent Thesaurus de DPH qui en collectionne pourtant presque 3000 à présent.
Que tirer de ce bilan? Ce Thesaurus 95 est-il un échec? Non, au contraire. Il débloque et il ouvre...
Bien sûr, mes débuts avec lui ont été très difficiles. On prend le gros volume et on le feuillette car on voudrait le lire et le comprendre... et on en a vite marre: on s’y perd. Trop c’est trop! Il y a tant et il manque tant! J’avais voulu souligner pour mieux utiliser ensuite: j’ai failli y perdre mon âme. J’ai donc abandonné le volume et je suis revenu à mes fiches.
C’est à partir d’elles que s’est produit le déclic. Leur indexation ancienne était bien pauvre. Et je ne m’y étais soumis que parce que cela faisait partie des règles du jeu. D’ailleurs je n’avais même pas fait de "propositions" de mots-clés, comme le demandait l’ancien bordereau, ne sachant pas où nous allions avec tout cela. A présent l’éventail est plus large, nos débats de 1994 ont précisé des pistes. J’ai eu envie d’améliorer.
On prend sa vieille fiche, on ouvre le Thesaurus et on cherche de quoi la rajeunir, l’adapter à son monde. On trouve ou on ne trouve pas. Mais si l’on ne trouve pas ce que l’on cherche, c’est que l’on a une idée derrière la tête. Et même si elle n’est pas claire, elle se précise et s’enrichit au fur et à mesure que l’on danse entre les pages du gros volume.
C’est un des grands mérites de ce Thesaurus 95 : il stimule.
Encore faudrait-il tempérer un peu le constat: cela peut marcher quand on se lance à un vaste effort d’indexation de nombreuses fiches tournant autour du même pot, mais ce serait sans doute frustrant quand il ne s’agit que de deux ou trois fiches que l’on veut finir au plus vite.
D’autre part, j’ai surtout remarqué les vides. Sans doute parce que la presque totalité de mes fiches en révision s’occupe de capitalisation d’expérience, donc de production de connaissance, de production de connaissance par les acteurs eux-mêmes. Ma recherche priorisait donc le fait de la connaissance plus que son contenu, le processus de production et le jeu des auteurs de celle-ci. Mais pourquoi y parle-t-on si peu de "vie", de "subjectivité", de "personne" ou "individu", de...
Alors j’ai commencé timidement à me constituer quelques mots-clés internes, pour voir où cela me menait. En route j’ai retrouvé deux de mes vieux démons, que je crois partager avec DPH: les relations et les acteurs.
68 mots-clés de "relations" agrémentent le Thesaurus 95. Et quelques autres se cachent sous des pseudo-synonymes comme "rapport". Je viens moi-même de m’en créer 10 de plus ("relation écrit oral", "relation subjectivité objectivité", "relation individu groupe", "relation spécialité globalité", etc.)Mais ils se dispersent un peu partout, parce qu’ils touchent à tout. Et puis j’en voudrais mille, ce qui n’aurait plus de sens. D’ailleurs j’avais créé mon mot-clé "types de relation" car c’est là un point qui m’intéresse et que je voudrais approfondir.
Mais, même s’il lui en manque encore, le Thesaurus en signale déjà beaucoup: dialogue, confrontation, négociation, conflit, exclusion, comparaison, partage, participation, rapport de pouvoir, réflexion collective, rencontre, coexistence, accompagnement, hiérarchie, dépendance, etc. Avec leurs contraires dans chaque cas. Un bref exercice de révision des listes du Thesaurus: 142 mots-clés qualifient ou déterminent des types de relations...
recomposition of knowledge, thesaurus, information network, reflection and action relations
, France,
DPH affronte un double défi: mettre l’information et l’expérience au service de l’action; les mettre tous trois (information, action, expérience)au service de la recomposition du savoir, des savoirs, des sociétés.
Je me suis donc mis à chercher des pistes. J’en ai découvert une dans une innovation du Thesaurus 95: le casier "C. Processus d’évolution". Il est tout petit et vient en fin de peloton. Mais il me semble pouvoir s’élargir et répondre à mes besoins. Quantà moi je l’appellerais "processus et relations". J’y mettrais tout ce qui est "entre": entre l’avant, le pendant et l’après des processus, entre les axes thématiques et entre leurs composantes, entre les acteurs, qu’ils soient humains, naturels ou autres.
"Entre"? Eh bien, on peut poursuivre ce jeu... Une des manières d’ordonner le Thesaurus pourrait être la suivante:
On aurait dans "A" tout ce qui se réfère au "Pour quoi?": les lignes de force de la Fondation, les objectifs partagés au sein de DPH. Bien des mots-clés actuels s’y réfèrent: "production de", "légitimation de", "valorisation de", "recomposition de", "diversification de"...
On aurait dans "B" tout ce qui a trait au "Qui?", aux acteurs. Et cela nous donnerait la possibilité de préciser, d’approfondir, tout en nous y retrouvant plus facilement.
On aurait dans "C" ce qui désigne le "Quoi?", c’est-à-dire les actuels "axes thématiques", mais dépouillés de ce qui serait à renvoyer ailleurs.
Enfin, dans "D", on mettrait la musique pour le bal des trois précédents, on verrait le "Comment?", c’est-à-dire les "relations", les "processus", les "méthodes", etc.
Il s’agit du "Thesaurus d’indexation - version française - juin 1995" de DPH, 273 pages.
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