Dans le cadre du D.S.U, la volonté portait sur la participation des habitants à l’évolution du quartier, et sur l’accompagnement de dynamiques collectives. Or, entre 1991 et 1992, des dynamiques apparaissaient sur le quartier, mettant en évidence des personnes "actives".
EMERGENCE DE GROUPES ET D’ACTEURS LOCAUX
C’est tout d’abord pendant l’été 91, suite à l’animation de quartier organisée par le centre social pour les enfants (événement qui ne s’était pas produit depuis longtemps)qu’un certain nombre de gens se retrouve et réfléchit sur l’animation et sur les problèmes du quartier (habitants et professionnels).
En parallèle, des personnes se sont regroupées, début 1992 pour créer des "réseaux d’échanges réciproques de savoir" et contrer l’isolement des mères de familles.
Dans le même temps, des mères de famille interrogent le centre social sur les possibilités de soutien scolaire et la mise en place d’un réseau d’entraide scolaire (une dizaine de familles bénévoles accueillent les enfants si les familles s’engagent à un échange avec elles : festif ou échanges de savoir-faire...)
C’est ainsi que sont apparues des "mères de familles", femmes maghrébines, relais avec leur milieu, qui se situent de façon active sur le quartier et de manière très différente des militants plus "classiques" plus anciens .
EMERGENCE DE BESOINS
Des réseaux plus ou moins formels se sont ainsi constitués. Au bout de quelques temps, ces personnes ont commencé à dire les difficultés qu’elles rencontraient : par rapport au rôle qu’elles étaient amenées à jouer, sur la difficulté de mobiliser autour d’elles, sur le repérage ce qui se passait dans le quartier ou sur des problèmes de précarité économiques qui limitaient de fait leur action...
Pour les professionnels, face à cette réalité de risque d’épuisement, il devenait urgent de réfléchir aux possibilités de soutien de ces personnes à l’origine de dynamiques sur le quartier et sans qui la création d’autres réseaux devenait hypothétique.
La demande était de différents types : de l’ordre de la "formation" (confrontation des habitants sur leurs expériences et meilleure connaissance de l’environnement : qui agit au nom de quoi ?); de l’ordre de ce qui a été appelé "le tutorat", c’est-à-dire que des structures du quartier puissent accompagner ces personnes régulièrement dans leur volonté d’intervention collective ; enfin de l’ordre du statut des personnes, quel sens au bénévolat et au salariat ? Quel est leur rôle social, comment prendre en compte leur précarité économique ?...
DES HABITANTS EN FORMATION DE FEVRIER 94 A JANVIER 95
Finalement, le choix a été fait de proposer une formation longue de 400 heures, afin de donner la possibilité aux personnes d’acquérir une qualification sociale dans une promotion et une dynamique personnelle et collective.
Elle touche la quinzaine d’habitants volontaires et déjà engagés dans un réseau d’habitants ou d’associations. Ce sont en majorité des mères de famille, dont la moitié d’origine étrangère, avec un faible niveau scolaire et un parcours professionnel "chaotique", mais souvent avec une forte implication dans de multiples activités sociales impliquant l’exercice de responsabilités...
La demande spécifique de formation a été faite à l’IFCV (Institut de Formation et de Recherche sur le Cadre de Vie)qui a relevé le défi d’une formation d’acteurs très différents que ceux qu’elle a l’habitude de rencontrer. Elle devait permettre dans une démarche active d’apprentissage par l’action de se situer dans l’environnement social et institutionnel, de s’organiser collectivement à partir de besoins, projets...
La formation a eu pour effets (acquis grâce à l’engagement dans la durée)de permettre à des personnes situées très différemment dans le quartier de se connaître, se confronter et petit à petit se faire confiance ; d’enrichir des connaissances latentes, de valoriser et de dynamiser le travail déjà fait et en cours, d’être reconnus par des intervenants extérieurs. Le tutorat s’est révélé quelque peu difficile, par manque de disponibilité et parce qu’il n’est pas aisé pour une structure d’accompagner des habitants dans des démarches collectives.
Le choix de contractualiser l’engagement sous forme de CES (pour la moitié, les autres restant bénévoles)a facilité la régularité et renforcé la dynamique en cours pour les habitants. Le CES a donné un statut et un positionnement sur le champ social, il a représenté un minimum de droit aux ressources et de droit à la formation. Celle-ci avait lieu un jour et demi par semaine hors temps de travail et a été bien suivie, ce qui en montre l’intérêt.
adaptation process, urban environment
, France, Saint-Fons
Le fondement de la démarche porte sur un repérage en vue d’un accompagnement adapté aux besoins des groupes acteurs sur le quartier et sur une proposition de formation faite au moment où le besoin s’en fait ressentir par les personnes concernées. Adaptée, elle valorise leur investissement sur le quartier. Elle est un outil, partie prenante d’un processus de changement individuel et collectif d’habitants, acteurs au sein d’un territoire.
Entretien avec PLAZY, Vincent
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