02 / 1995
Deux exemples pour montrer comment le développement passe par l’expérimentation d’échanges culturels et de savoir-faire, en particulier pour les personnes "les plus écrasées". Ces expériences vécues positivement leur permettent de se sentir autorisées à donner leur avis. C’est le début d’une possibilité réelle d’être acteur de sa propre vie. Sortant d’une intervention sociale "classique", c’est la création de liens et d’un dialogue possible entre intervenants sociaux et habitants.
"RACINES"
Ce groupe est né en octobre 1991 sous l’impulsion de la Maison de Quartier de Belleroche à Villefranche-sur-Saône, puis des professionnels et travailleurs sociaux s’y sont associés ponctuellement (médecin de quartier, médecin herboriste, travailleurs sociaux, ...)ou en continu (conseillère en économie sociale et familiale...).
Les femmes se sont mobilisées autour du conte. Elles ont repéré les contes qu’elles connaissaient, les ont collectés, puis les ont contés en public... En participant au Festival du conte et de la parole en 1991, elles se sont inscrites dans l’ensemble du quartier... Certains contes ont été donnés à l’extérieur du quartier et même de la ville : des conteuses ont participé à un colloque à Grenoble en juin 1992...
Constitué d’un noyau de cinq femmes, le groupe touche vingt à trente femmes du quartier, essentiellement d’origine maghrébine, mais aussi française ; des femmes turques viennent quelquefois. Elles ont une rencontre par semaine avec une animatrice mise à disposition par la Maison de Quartier.
Au fur et à mesure des rencontres, des questions sur la santé ont émergé. Des réunions régulières avec un médecin de quartier ouvert à la discussion se sont organisées pour aborder des thèmes tels que l’accouchement, le ramadan, les soins par les plantes... Les problèmes de voisinage, les grands événements de la vie (mariages, naissances, fêtes, repas...)ont pu être évoqués.
A travers ces groupes de paroles, la culture personnelle et collective émerge. Reconnue, elle permet d’aborder avec un autre esprit la rencontre avec des professionnels du quartier, travailleurs sociaux, médecin.... A l’heure actuelle, des différences apparaissent entre les femmes : certaines voudraient autre chose, passer à l’action , d’autres s’épanouissent dans ce fonctionnement...
Ces femmes, si elles ne sont pas actrices dans le sens d’avoir constitué un groupe interlocuteur "représentatif" du quartier, sont actrices par le changement de positionnement qu’elles ont pu opérer au sein du groupe familial et dans leurs relations avec les intervenants sociaux (règles de vie en société, place de l’école dans l’éducation des enfants...). Reconnues dans ce réseau, elles peuvent s’insérer dans d’autres dynamiques.
"GRISEMOTTE"
Dans un environnement fortement marqué par le raisin-vignoble, Grisemotte est un projet saisonnier dont l’objectif est de découvrir l’environnement et la culture locale sous un autre regard que l’alcool et de rassembler des personnes autour d’une activité créatrice : cueillette et fabrication de gelées, jus de fruits, confitures... Il met à contribution les connaissances d’habitants fortement imprégnés de la culture locale, des retraités connaissant la "grisemotte", pratique qui consiste à ramasser le raisin mûri après la vendange.
A l’origine du groupe en 1992, une directrice d’école habitant le quartier, qui impulse un mouvement avec les enfants des groupes scolaires. L’activité saisonnière (cueillette, fabrication de gelée, jus...)s’est déroulée avec plusieurs classes de plusieurs écoles. Les parents de toutes origines culturelles s’y sont intéressés, ont pu s’approprier l’environnement immédiat et s’inscrire à leur manière dans le territoire local. Cette activité permet maintenant à chacun de se retrouver dans des relations autres que parents/enseignants.
urban environment, traditional knowledge enhancement, cultural interdependence, woman, original culture enhancement
, France, Villefranche-sur-Saône
L’appellation que s’est donnée le groupe "Racines" reflète très exactement la double intention qui accueille et guide ces initiatives : faciliter l’émergence des racines construites par ces personnes et ces groupes en dehors du quartier (avant et ailleurs); leur permettre patiemment, à partir de leurs intérêts et de leurs savoirs, de se replanter dans le quartier, dans la ville, en y enfouissant les racines si fragiles qu’ils tiennent repliées hors de cette terre.
Tout le travail sur l’expression des besoins et des savoirs vise à revaloriser, revivifier ces racines originelles qui, si elles disparaissent, rendraient vaines toutes tentatives de réimplantation.
Tous les projets ne sont pas désireux de traverser cette lente maturation, ce processus de développement. Le plus souvent, c’est la rencontre de deux projets qui donne à chacun l’envie de sortir de son pot et de gagner la pleine terre pour s’y développer plus librement. Ce processus est valable pour ceux qui vivent, mais aussi ceux qui travaillent dans un quartier "en D. S. U.". Aucune loi ne viendra faciliter ni régir cela.
Contact : Mme NOURRY, Grisemotte, tel 74 68 06 75; Racines, Mme BENZEGHIBA, tel 74 65 32 14
Entretien avec NOURRY, Mme
Resource person
CR-DSU=CENTRE DE RESSOURCES SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN
CR DSU (Centre de Ressources sur le Développement Social Urbain) - 4 rue de Narvik, BP 8054, 69351 Lyon cedex 08, FRANCE. Tél. 33 (0)4 78 77 01 43 - Fax 33 (0)4 78 77 51 79 - France - www.crdsu.org - crdsu (@) free.fr