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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Le MRERS, Mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs

Catherine LE GUEN

04 / 1994

Le fonctionnement des "Réseaux d’échanges de savoirs, de formation réciproque et de création collective" repose sur des principes clairement définis : "Chacun sait quelque chose, peut le transmettre, et cette transmission est valorisante" ; valorisante pour celui qui donne, qui communique son savoir car, en enseignant ce savoir, il l’approfondit ; et valorisante sur le plan social (création de nouveaux liens)et psychologique (revalorisation, prise de confiance en soi).

Un autre point important est la réciprocité : chacun est demandeur, mais offre aussi quelque chose. Il s’agit de dépasser l’idée selon laquelle certains n’auraient rien à apporter. Au contraire, chacun est détenteur de savoirs susceptibles d’intéresser d’autres personnes, même s’il n’en a pas conscience a priori.

La notion de "savoirs" englobe en effet les savoirs "classiques" (mathémathiques, langues, etc.), les savoir-faire (cuisine, taille des arbres, musique, bricolage, etc.), les savoirs sociaux ou "fonctionnels" (comment utiliser les transports en commun, remplir des papiers administratifs,...), les expériences de vie.

La procédure de fonctionnement des réseaux est la suivante. Les offres et demandes d’enseignement sont recensées dans un catalogue et sur des fiches distribuées aux membres du réseau. La coordination et le suivi des échanges sont assurés par une équipe d’animation composée soit de bénévoles et de travailleurs sociaux, soit uniquement de bénévoles. Cette équipe est chargée de faire le lien entre demandeurs et offreurs en s’assurant que le principe de réciprocité est respecté, de suivre le déroulement de ces échanges et d’organiser et animer diverses rencontres (fêtes, réunions de réflexion, etc.).

L’accent est mis sur la souplesse de fonctionnement des réseaux : ce sont les participants eux-mêmes, celui qui offre un savoir et celui qui veut l’acquérir, qui décident du contenu exact du savoir qui va être transmis, de la méthodologie, du lieu et du moment de cet enseignement.

Au-delà de l’échange de savoirs proprement dit, c’est sur la dimension sociale de ces réseaux qu’il convient d’insister, sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans la prise de conscience par chacun de sa propre valeur et dans la revalorisation subjective qui en découle. En ce sens, les réseaux d’échanges de savoirs n’ont pas seulement un rôle éducatif, ils participent également à la lutte contre l’exclusion sociale, contre la pauvreté ("la pauvreté, c’est aussi, peut-être surtout, se dire : c’est ma faute, je ne suis bon à rien").

Avoir à communiquer son savoir à quelqu’un implique une prise de responsabilités dont le détenteur du savoir n’était peut-être plus familier. Participer au réseau lui permet d’apprendre à enseigner et d’acquérir le "savoir transmettre" ; et la démythification du savoir qui s’ensuit peut faciliter chez le participant la réactivation de sa capacité à apprendre.

La responsabilisation liée à la transmission d’un savoir peut, tout comme la revalorisation (aux yeux des autres et à ses propres yeux)qui l’accompagne, rendre à chaque personne une dignité parfois niée ("j’ai redécouvert que j’étais utile aux autres"). L’objectif est, en créant une situation de réussite, d’aider les participants qui en ont besoin à sortir de la spirale d’échec dans laquelle ils étaient enfermés.

La spécificité des réseaux d’échanges de savoirs me semble donc résider dans deux aspects : une définition très large du savoir, qui n’exclut personne, le principe de réciprocité qui constitue le fondement du système et qui s’oppose à une logique d’assistance.

L’idée me paraît très novatrice dans le contexte français d’un système scolaire établissant une distinction entre savoirs "nobles" (enseignement général)et savoirs techniques, moins valorisés (enseignement technique). Mais je me demande quelles sont les éventuelles difficultés qui peuvent surgir au niveau du fonctionnement des réseaux en raison du principe de réciprocité sur lequel ils s’appuient et du décalage possible entre les savoirs offerts et ceux qui sont demandés.

Key words

communication, methodology, social innovation, access to information


, France

Notes

Contact : MRERS,

Source

Articles and files

Ce que sont les Réseaux d'échanges de savoirs in. COMUNICANDO, 1994/05, N°25

CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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