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Le conflit ethnique au Sri Lanka a ruiné les moyens d’existence traditionnels des familles de pêcheurs à Batticaloa

Pierre GILLET

05 / 1995

La lutte dans le nord et l’est du Sri Lanka pour un Etat de Tamil séparé, s’est poursuivi tout au long de la dernière décennie, touchant tous les secteurs de la société. Dans le district de Batticaloa, depuis 1990, de milliers de civils et de militaires ont été tués ou blessés, des centaines arrêtés et probablement plus d’un milliers ont disparu.

Beaucoup de jeunes hommes se sont enrôlés dans l’une ou l’autre force armée.

Le district de Batticaloa au nord est du Sri Lanka est dôté d’un littoral de 120 km, 3 lagunes et 200 réservoirs d’irrigation. C’est une grande ressource naturelle pour la pêche et donne un potentiel important pour la croissance économique et pour le bien-être social.

Cependant, avec une poplation de 42.000 habitants, le district a un revenu per capita le plus bas du Sri Lanka, son plus bas taux d’alphabétisme (66% contre la moyenne nationale de 86%)et le taux le plus élevé d’abandons en cours de scolarité.

Plus d’un tiers des gens sont engagés dans la pêche. Batticaloa est très connu pour ses crevettes-tigres qui sont capturés en lagunes.

Sans doute dû à l’accès facile et aux dépenses moins élevées requises pour la pêche à la lagune, il n’existe pas une longue tradition de pêche marine.

Jusqu’à 1982, la pêche marine était principalement le domaine des pêcheurs singalais immigrés du Sud et de Mannar, embauchant de la main-d’oeuvre à Batticaloa.

Depuis le milieu des années 50, le Gouvernement Sri Lankais a essayé d’améliorer la productivité du secteur de la pêche partout dans l’île en mécanisant les navires existant et propageant des techniques de pêche modernisées.

En 1982, les importations étaient toujours élevées. Bien que la production locale se soit élevée grâce aux captures croissantes en haute mer, au large et en eaux côtières, la demande aussi a augmenté avec la population. L’insuffisance dans l’approvisionnement a conduit à des prix plus élevés et les commerçants ont augmenté leurs marges.

On a pensé quelques fois que les pêcheurs dans toute l’île n’ont pas bénéficié de ces prix augmentés. Mais il semble que les propriétaires de bateaux et les équipages sur les embarcations motorisées ont connu des revenus annuels sensiblement plus élevés que les groupes socio-économiques comparables tels que les propriétaires-cultivateurs. Seuls les matelots sur embarcations traditionnelles non-mécanisées gagnaient des revenus comparables à ceux des ouvriers agricoles. Malgré ces salaires importants, les pêcheurs avaient tendance à s’endetter. Cela était dû aux dépenses de consommation courante et de luxe.

Des réparations majeures sont souvent financées par crédit qui serait normalement remboursé à la fin d’une bonne saison. Les pêcheurs plus riches ont tendance à s’éloigner de l’industrie.

Il semble que les objectifs du gouvernement de réduire les importations et d’améliorer les niveaux nutritionnels ne sont pas atteints. Entre janvier et Juin de 1993, le Sri Lanka a importé du poisson séché ou en conserve pour 727 millions de Roupies. L’insuffisance dans les approvisionnements et une forte demande ont poussé le prix du poisson hors de portée des pauvres du pays.

Du point de vue des pêcheurs, les prix élevés ont compensé pour les captures en baisse, mais leurs conditions de vie restent mauvaises dues à la nature imprévisible et saisonnière du revenu.

Beaucoup de pêcheurs ont été tués dans la dernière décennie par l’armée srilankaise (SLA)ou par les Tigres de la libération de l’Eelam tamil (LTTE). Beaucoup de communautés de pêcheurs sont distantes des centres urbains et sont parfois les cibles d’opérations de sécurité et d’arrestations.

A Batticaloa, les femmes sont rarement impliquées dans les activités de pêche. Si un père a été tué ou a disparu, la mère et les enfants doivent d’une façon ou d’une autre trouver eux-mêmes suffisament pour survivre. La famille étendue aide si elle peut. Souvent les femmes doivent trouver de nouvelles méthodes pour gagner de l’argent et les enfants doivent abandonner leur scolarité afin d’apporter de l’argent supplémentaire ou doivent garder leur petits frères.

En Septembre 1993, plus de 36.000 personnes à Batticaloa étaient officiellement enregistrées comme "personnes déplacées" - soit vivant dans ou à l’extérieur des camps de réfugiés. Ces enregistrés reçoivent des rations alimentaires du gouvernement puisqu’elles ne peuvent vaquer à leurs occupations habituelles. Un grand nombre de familles riches ont émigré.

Dans un village, 5 bateaux et des filets restent inutilisés puisque tous ceux qui les utilisaient dans la famille ont émigré à l’ouest; les familles gardent leur équipement jusqu’à ce que soit fermé le statut résidentiel de leurs enfants à l’étranger.

Il en résulte des chances d’emploi réduites pour les travailleurs de Batticaloa. Une des méthodes de pêche traditionnelle était pratiquée par les Singhalais migrants. Depuis Juin 1990, les pêcheurs Singhalais migrants ne sont plus venus à la côte de Batticaloa. Le gouvernement n’a pas réalloué les Karaï valai et les sites de pêche aux autres. Ce qui met au chômage 3.000 pêcheurs ou plus.

Le Gouvernement Sri-lankais encourage les personnes déplacées à retourner chez eux, lorsque c’est dans les régions "libres" - où l’appareil de sécurité de l’Etat sent qu’il a le contrôle et que la réhabilitation peut être mise en oeuvre.

Ceux qui se réinstallent, reçoivent plusieurs subventions, y compris 2.000 Rs d’indemnité d’établissement, 4.000 de subvention d’entreprise productive et 15.000 de subvention de reconstruction. Toutes ces subventions ne sont pas disponibles tout de suite après l’installation, vu que les départements du gouvernement n’ont pas assez d’argent.

Pour des raisons de sécurité, l’armée n’a pas encore permis à certaines communautés de pêcheurs réhabilitées de recommencer à pêcher.

Dégats matériels

Les Organisations gouvernementales et non gouvernementales ont aidé à remplacer les bateaux et les engins de pêche par prêts. Beaucoup de pêcheurs hésitent craignant que de ceux-ci soient de nouveau détruits, laissant un prêt et des arriérés qu’ils ne pourront pas rembourser. Les restrictions sur l’étendue et le durée de pêche pour des raisons militaires, ainsi que les luttes tribales ont fait baisser la production.

Des raisons religieuses et politiques poussent le gouvernement à interdire la pisciculture dasn les réservoirs d’irrigation côtiers. A cela s’ajoutent des problèmes de conservation et de transport, dus au manque de glacières et aux contrôles militaires sur les barrières. Toutes les interventions à Batticaloa doivent tenir compte de la situation d’insécurité et développer la capacité locale pour la pêche marine et pour la protection et la vente de poisson.

Key words

fishing business, immigration, legislation, ethnic conflict, traditional fishing, fisherman artisan, woman and violence


, Sri Lanka

Source

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RAJASINGAM, Mano in. SAMUDRA REVUE, 1994/02/01

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