03 / 1994
Au Kazakhstan,l’islam n’implique pas nécessairement le foi. Représentant un élément vital de la culture nationale, il joue un role déterminant dans l’affirmation de l’identité kazakhe. Réapparu au grand jour, il donne une nouvelle impulsion au nationalisme.
L’opposition nationaliste kazakhe, qui pourrait briser la cohésion multiethnique de la république, s’articule autour de trois partis : le parti républicain du Kazakhstan, seule organisation nationaliste d’importance; le parti national et démocrate Jeltoksan (Décembre)et le Parti d’Alach, qui se réclament tous deux à la fois du panturquisme et du panislamisme.
Parmi ces groupements politiques, le Parti d’Alach semble être le plus actif. Il manifesteouvertement son opposition au président Nursultan Nazarbaiev. Il dénonce la servilité du mufti d’Almaty, R. Nysanbaï-Uly, à l’égard du pouvoir. En témoignent les incidents survenus dans la capitale en 1991, qui visent à renverser le mufti. Sept membres de ce parti ultranationaliste non reconnus sont condamnés à un an de détention pour avoir insulté le président, attaqué le mufti et organisé des meetings non autorisés.
Ces évènements montrent que les représentants de l’islam "officiel" et ceux de l’islam "parallèle" ne sont désormais plus seuls dans la lutte pour la direction de la communauté musulmane : les nationalistes ambitionnent eux aussi de la guider.
L’islam "officiel" est représenté par la direction spirituelle du Kazakhstan. Celle-ci fut fondée en 1990 à Alma-Ata et mit fin à la tutelle religieuse exercée par la direction de Tachkent depuis 1943, année où l’islam soviétique fut dotée d’un statut officiel. Sunnite de rite hanafite, elle est présidée par R.Nysambaï-Uly, uléma de 54 ans formé en Lybie.
Face à l’islam "officiel", a toujours existé l’islam "parallèle", courant traditionaliste qui a profité de la perestroïka pour sortir de la clandestinité. Il est incarné par des mollahs qui, adeptes héréditaires, sont liés à des confréries soufies.
Conséquence du retour à l’islam et de la symbiose entre le religieux et le national : les Kazakhs se sentent appartenir à la fois à une ethnie, à une horde ou tribu, à un pays indépendant depuis décembre 1991, à une aire culturelle panturque et panislamique.
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, Russia
Le Kazakhstan pourrait-il être à son tour destabilisé, comme le proche Tadjikistan, par une agitation islamiste? Le risque paraît peu vraisemblable : l’option laïque semble prédominer et la religiosité de la population musulmane n’est vive qu’au Sud du pays, le Nord étant peuplé de Russes ou d’Européens. Cependant, une détérioration des rapports antre Kazakhs et non-Kazakhs pourrait créer un climat favorable à l’apparition d’une contestation islamique.
Inquiry ; Original text
FATHI, Habiba; DE KOCHKO, Dimitri; RAZAROVA, Maria, FRANCE OURAL
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