10 / 1994
La politique étrangère russe se développe après la proclamation de l’indépendance du pays en juin 1990. A.Kozyrev est nommé ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie en octobre. De 1990 à 1992, B.Eltsine et lui mènent une politique étrangère de rapprochement avec les pays occidentaux, et plus particulièrement avec les membres du G7. Les débuts sont difficiles, les voyages du Président aux Etats-Unis (juin 1991)et en France (avril 1991)se passent mal, car les pays occidentaux privilégient leurs relations avec M.Gorbatchev. C’est après le putsch manqué d’août 1991 que B.Eltsine est reconnu comme un interlocuteur respectable sur la scène internationale.
En décembre 1991, la Russie succède à l’U.R.S.S dans les relations internationales. Elle occupe le siège soviétique au Conseil de Sécurité de l’O.N.U, annonce le respect des traités internationaux signés par l’U.R.S.S. La politique de B.Eltsine rompt cependant avec les orientations idéologiques traditionnelles de la diplomatie soviétique. Les relations avec les pays occidentaux sont privilégiées, au détriment de la coopération avec les anciens alliés du Tiers-Monde. En janvier 1992, A.Kozyrev déclare que les amis de la Russie en politique étrangère sont les "démocraties occidentales à économie de marché". La Russie demande son entrée au Conseil de l’Europe en mai et est présente au sommet des G7 deux mois plus tard.
La politique pro-occidentale menée par A.Kozyrev commence à susciter des critiques à partir du milieu de 1992. Les difficultés internes croissantes et les critiques de plus en plus soutenues conduisent la Russie à redéfinir sa politique étrangère. B.Eltsine évoque alors les discriminations occidentales à l’égard de la Russie, souhaite rééquilibrer les relations avec l’Est et l’Ouest et préserver l’autonomie russe.
A partir du printemps 1992, la Russie diversifie ses relations diplomatiques et renoue avec des partenaires négligés, par l’intermédiaire de la vente d’armes. Moscou accepte de vendre du matériel militaire à l’Inde en mai 1992, mais doit renoncer sous la pression américaine. Elle ne revient pas en revanche sur sa décision de livrer des sous-marins à l’Iran. B.Eltsine manifeste également de l’intérêt pour l’Asie, en se rendant en Corée du Sud, en Inde et en Chine et pour les pays d’Europe centrale. V.Havel et L.Walesa sont reçus au Kremlin en 1992. La Russie entend conserver un droit de regard sur cette région : en septembre 1973, elle refuse l’élargissement de l’OTAN aux pays de Visegrad, car cela reviendrait à la désigner implicitement comme ennemi et à la repousser vers l’Est. L’attitude de la Russie dans la crise yougoslave symbolise sa spécificité diplomatique : coopération avec l’Occident, mais rejet de l’intervention de l’OTAN contre les forces serbes.
La politique russe à l’égard de son étranger proche est au coeur de la nouvelle diplomatie du pays : depuis 1992, il demande que les organisations internationales lui reconnaissent un rôle spécifique dans les Etats de l’ex-U.R.S.S et lui accordent des moyens financiers pour y maintenir la paix.
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, Russia
La modification de la politique étrangère russe en 1993 est souvent perçue comme le prémisse de la reconstitution de ce qui fut l’empire des tsars, puis l’empire soviétique? En fait, il semble plutôt que les dirigeants russes aient souhaité mettre fin à une politique d’alignement systématique sur l’Ouest, qui les a peu aidés en fin de compte.
Les pays du Tiers-Monde qui avaient l’habitude de recevoir une aide de l’U.R.S.S sont les grands perdants des bouleversements diplomatiques en Russie.
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