11 / 1994
Contrairement à ce qui est souvent affirmé, l’implication des réseaux nigérians dans le trafic de cocaïne n’est pas un phénomène récent, ni même postérieur à celui de l’héroïne. Dans l’un comme l’autre cas en effet, passer par le Nigeria évite d’arriver en Europe ou aux Etats-Unis directement d’Asie, ou d’Amérique latine, provenances très surveillées ; il offre la possibilité de varier les points de sortie de l’Afrique (départs depuis le Bénin, le Togo, le Tchad, et aussi le Burkina Faso ou le Mali); il permet enfin de "couper" et de reconditionner en petites doses des produits souvent importés purs et en grosse quantité.
Après une phase où étaient essentiellement utilisés les petits passeurs, on est passé, à partir des années l991/1992, en particulier dans le cas de la cocaïne, à un commerce de gros utilisant le fret aérien et maritime. Entre janvier et octobre l984, 102 personnes ont été arrêtées au Nigeria pour trafic de drogues dures, principalement à l’aéroport, et la majorité d’entre d’elles transportait de la cocaïne. Une étude menée dans les prisons montre que parmi les détenus pour affaires de drogues, 41,9% l’étaient pour trafic de cocaïne, 22,5% d’héroïne et 22,5% de marijuana. C’est dans les années l986/1987 que les passeurs d’héroïne devinrent de plus en plus nombreux, car cette drogue valant trois ou quatre fois plus que la cocaïne, était plus rentable, surtout pour de petites quantités. Mais à partir de la fin des années quatre-vingt le trafic de cocaïne a fait un nouveau retour en force en prenant une autre dimension, celle du commerce de gros, comme tend à le suggérer l’arrestation à Rio de ressortissants nigérians et israéliens qui supervisaient l’expédition de cette drogue en Europe via l’Afrique. En dépit de la suspension de la ligne aérienne Rio de Janeiro - Lagos qui était assurée par la compagnie aérienne brésilienne Varing, les liens avec le Brésil se sont renforcés. Selon Interpol, durant le dernier trimestre l992 et le premier de l993, les autorités brésiliennes ont arrêté 15 Nigérians et 3 Ghanéens, principalement dans les aéroports de Sao Paulo et Rio, en possession de 270 kilos de cocaïne qu’ils s’apprêtaient à convoyer ou à expédier en Afrique. Ces trafiquants achètent de 8 000 à 10 000 dollars le kilo de cocaïne qui sera revendu 50 000 à 60 000 dollars en Europe. La drogue, dissimulée dans des appareils électriques, des rouleaux de fil de cuivre ou des caisses de savon, était généralement destinée à être envoyée par fret aérien ou maritime à Lagos. Il semble également que les Nigérians troquent maintenant de l’héroïne pour de la cocaïne aux Etats-Unis. Comme pour l’héroïne, il existe une deuxième route contrôlée par des réseaux libanais et haoussas à Kano. Le chlorhydrate de cocaïne arrive de Beyrouth et, après conditionnement, est réexpédié par voie aérienne grâce à de multiples avions cargos des petites compagnies qui desservent la ville. En l993, le marché nigérian est littéralement inondé de cocaïne dont les prix ont spectaculairement baissé en trois ans : de 400 nairas (200 francs le gramme pour un naira à 0,5 FF)à 300 nairas (60 FF le gramme, pour un naira à 0,2 FF).
drugs, drug trafficking, cocaine, heroin, chain of distribution, delinquency
, Nigeria
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Inquiry
OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES
OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France