L’histoire de l’effet papillon
01 / 1994
Il arrive parfois qu’un intervenant, un volontaire ou un agent de développement agisse selon une logique qui suppose la nécessité de "déterminer des besoins"... Pour cela, il consultera une autorité locale ou éventuellement un groupe qui lui permettra de légitimer un projet qui sera (pour lui)"en accord avec la volonté d’une population."
Les projets paraîtront souvent innocents : les bienfaits qui en découleront occulteront alors les éventuels inconvénients qui pourraient surgir.
Mais lorsqu’on replace ces projets dans un contexte culturel précis, sommes-nous conscients des répercussions réelles qu’ils risquent de provoquer... non par rapport aux problèmes qu’ils sont censés résoudre, mais en fonction des déséquilibres qu’ils peuvent provoquer au sein d’un système socioculturel ?
Pour illustrer comment un projet apparemment innocent peut déclencher des effets imprévus, l’exemple de l’effet papillon est intéressant.
L’histoire se passe en 1961. Un mathématicien du MIT, Edward Lorenz, travaille sur une séquence de simulation numérique de l’évolution d’un climat. Le but était d’étudier un processus météorologique afin d’en tirer un tracé logique.
Le travail se fait sur ordinateur. Après avoir entré les données nécessaires et une fois la machine en route, notre chercheur s’absente pour déjeuner. La machine travaille pendant son absence.
A son retour, surprise : "Le tracé des nouvelles courbes, loin de répéter sagement l’ancien modèle, s’en écarte, de quelques millimètres au début, puis se met à dessiner les figures les plus loufoques. Le nouveau climat simulé n’a plus rien à voir avec celui des simulations précédentes. Il vente, il pleut des hallebardes."
Après vérification, il apparaît que ce n’est pas la machine qui est en cause, mais une omission, dans la programmation initiale, de trois petites décimales (506 au lieu de 506,127)dans l’ensemble -considérable- des données...
"Dans la réalité, une aussi petite erreur numérique correspondrait à un tout petit souffle de vent frais, un frémissement d’aiguillon" dit Lorenz.
La prévision qui devait résulter de ce travail fut complètement modifiée du simple fait d’une erreur qui représentait moins qu’une brise... et ceci à cause d’un fort complexe effet de réaction en chaine.
Ainsi naquit l’effet Papillon (Butterfly effect, ou, comme dit Lorenz: "un battement d’ailes de papillon suffit à déclencher un cyclone").
cultural development, cultural interdependence, cultural model, cultural change
, , United states
La culture est un système. L’illustration de l’effet Papillon met en évidence les effets qui peuvent être provoqués au sein d’un système par l’introduction d’une modification infime.
Une action dite "de développement" peut paraître innocente, mais les répercussions, lorsqu’on ignore ou que l’on ne prend pas en compte la dimension culturelle, peuvent aller plus loin qu’on imagine. Dans son livre "La Dimension Cachée", E.T. Hall évoque ce problème en d’autres termes : "Dans chaque cas d’emprunt culturel, l’élément emprunté doit être adapté par la culture empruntante. Sinon, anciens et nouveaux éléments ne s’accordent pas et peuvent, dans certains cas, impliquer des structures contradictoires."
Grey literature
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