L’aide à la suite d’un désastre naturel peut être catastrophique...
01 / 1994
Après une catastrophe naturelle de grande ampleur, les besoins des sinistrés sont considérables. Généralement, la solidarité internationale est nécessaire pour les aider à y faire face et il faut encourager les élans de générosité qui se manifestent dans ces situations. Cependant l’aide est un outil qu’il faut manier avec prudence. Elle peut être la meilleure et la pire des choses...
L’aide (urgence, reconstruction...)doit, pour être efficace, renforcer les initiatives des populations auxquelles elle est destinée, répondre à ses besoins, s’attaquer aux causes principales des catastrophes (pauvreté, dégradation de l’environnement...). Elle est, dans ce cas, un facteur important de développement, d’amélioration des conditions de vie des sinistrés.
Lorsqu’elle ne répond pas à ces critères, l’aide est inefficace voire même nuisible. Alors l’aide d’urgence risque d’entraver un processus de (re)démarrage du développement dans la zone sinistrée, explique Fréderick Cuny, spécialiste américain des actions d’urgence et de reconstruction :
"Pour les personnes qui survivent à une catastrophe naturelle, une seconde catastrophe peut apparaître, car l’aide qui a pour but de réparer les dommages peut être fournie d’une manière telle qu’elle les empêche de s’en sortir, cause des dégâts économiques supplémentaires et affaiblit la société concernée face à une future catastrophe."
L’inadaptation de l’aide découle, selon l’auteur, d’une démarche qui tend à traiter une catastrophe comme un événement "à part", "isolé", sans la replacer dans un contexte global de développement.
"Jusqu’à une période récente, la relation entre urgence et développement n’était pas reconnue". De ce fait, peu d’aides d’urgence ont donné de bons résultats. "Pourquoi ? Le problème de base est l’absence de lien établi entre catastrophes et développement. Considérer les catastrophes comme des événements à part, nécessitant l’envoi rapide d’aide médicale et matérielle n’est pas totalement adapté et conduit à des efforts qui sont non seulement très inefficaces, mais également, dans bien des cas, nuisibles. Les organisations de secours avaient tendance à analyser les catastrophes en terme d’urgence. Cela signifiait que la meilleure façon d’agir était de fournir une assistance médicale d’urgence, des produits de première nécessité (en particulier : des vêtements, des couvertures)et des abris temporaires d’urgence, généralement des tentes. L’aide d’urgence, les secours, étaient distribués gratuitement. Il s’agissait de charité. Même si l’aide correspondait totalement aux besoins urgents et si elle pouvait être fournie à temps, elle ne s’attaquait pas aux racines du problème : la pauvreté et le sous-développement."
Aujourd’hui, un nombre croissant d’organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux sont conscients de l’importance d’intégrer cette dimension dans les actions qu’ils entreprennent.
community organization, popular participation, natural disaster
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Nous observons depuis quelques années un rapprochement entre les discours des "urgenciers" et celui des "développeurs". Par contre, il reste du chemin à faire avant que ce discours se traduit dans les réalités du "terrain". Avec le développement des actions dites d’urgence, ou encore "humanitaires", l’introduction d’actions militaires et l’investissement direct des états dans le champ opérationnel, nous découvrons la confrontation de logiques multiples où l’urgence est reine. Ajoutez à cela le rôle des médias ou la concurrence (généralement inavouée)entre agences... poussant vers des actions souvent plus visibles, voire spectaculaires, sur le plan médiatique... et enfin, la conception d’actions qui correspondent plus à des schémas préconstruits ou des idées reçues, fantasmes occidentaux qui se traduisent par "nous savons ce qui est bon pour eux"... et on se rend compte que le rapprochement entre l’urgence et le développement n’en est encore qu’au prélude.
Grey literature
AUI=Action d'Urgence Internationale, 1992/06
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