Né d’une idée de Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, le "Manifeste européen des entreprises contre l’exclusion" a été lancé en janvier 1995 par la Commission européenne et une vingtaine d’entreprises. Ce Manifeste est accompagné d’un Vade-mecum présentant des orientations pratiques destinées à être complétées par un répertoire d’expériences à promouvoir en Europe.
Les statistiques actuelles signalent 17 millions de chômeurs et 55 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté en Europe. Les entreprises se disent concernées par le phénomène de l’exclusion, au même titre que les gouvernements ou les associations. Elles estiment que "l’exclusion constitue un gaspillage de ressources humaines et menace la cohésion sociale", qu’elle ne disparaîtra pas du seul effet de la reprise de la croissance économique. Si le but de l’entreprise n’est pas de faire de l’humanitaire, "il ne peut y avoir d’entreprise prospère dans un environnement de misère et d’hostilité", souligne Jean Gandois, président du CNPF (Patronat)et signataire pour l’entreprise Cockerill-Sambre. Cette préoccupation répond aussi à des raisons éthiques et s’inscrit dans des valeurs de progrès et de responsabilité.
Le manifeste, dans le cadre de ses objectifs, propose cinq voies d’action:
* Favoriser l’intégration dans le marché du travail, notamment en respectant l’égalité des chances face au recrutement et en refusant "tout préjugé défavorable à l’égard des demandeurs d’emploi au chômage depuis longtemps" et des personnes en difficulté.
* Participer à l’amélioration de la formation professionnelle, en accueillant des stagiaires de l’enseignement professionnel ou des jeunes en formation par alternance, en favorisant le recyclage et la formation continue, en conciliant temps de travail et développement des aptitudes.
* Eviter l’exclusion dans l’entreprise, prévenir les licenciements ou prévoir des actions appropriées lorsqu’ils sont inévitables. Par exemple, réduire les heures supplémentaires et non pas les effectifs.
* Promouvoir la création de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises en aidant ceux qui veulent s’installer à leur compte, en recherchant dans l’entreprise des projets "dormants" qui pourraient être mis en oeuvre par des PME locales, ou en les aidant à innover.
* Contribuer à la solidarité en faveur des zones et des groupes sociaux particulièrement vulnérables, par exemple en accueillant des stagiaires défavorisés ou en fournissant des chantiers à des entreprises de réinsertion.
A partir de ce manifeste, les entreprises signataires détermineront leurs propres modes d’action en fonction de leurs particularités. Elles sont invitées à développer ensemble un réseau d’information et d’expériences qui permettra de:
* créer une banque de données des initiatives innovantes de lutte contre l’exclusion,
* identifier et diffuser les meilleures pratiques illustrant le Manifeste,
* réaliser des recherches et contribuer à la mise en marche de systèmes d’évaluation fiable,
* aider les équipes nationales à développer des initiatives régionales et transnationales,
* collaborer avec d’autres réseaux transeuropéens représentants des partenaires sociaux.
La Commission européenne s’est engagée de son côté à soutenir les signataires, dans le cadre du programme d’action sociale.
Pendant une première période, cent entreprises ont signé le Manifeste, parmi lesquelles: ACCOR, Bayard Presse (France), Olivetti (Italie), British Telecommunications, British Petroleum, Telecom Eireann, Société Générale de Belgique, Bayer, Philips, Levi Strauss Europe...
En mai 1995, la London Entreprise Agency a réuni près de 200 représentants d’entreprises européennes dans sa conférence "Les entreprises et l’exclusion sociale", rencontre organisée dans le but de partager les expériences et bonnes pratiques en matière de lutte contre l’exclusion et de rassembler de nouveaux signataires pour le Manifeste.
company, fight against exclusion, unemployed person, vocational training, disadvantaged population, job creation, employment policy, EU
, Europe
Il reste à savoir si, dans la pratique quotidienne, les entreprises signataires tiendront leurs engagements. British Telecom, par exemple, avait licencié plusieurs dizaines de milliers de salariés ces dernières années organisant des plans d’accompagnement. Par ailleurs, bon nombre de ces entreprises sont installées en dehors de l’Europe: mèneront-elles la même politique sociale de l’emploi dans ces pays ?
Le Manifeste européen des entreprises contre l’exclusion est consultable à la Médiathèque de Sources d’Europe (Socle de la Grande Arche, Paris La Défense), classeur "Politique sociale, secteur Social). Horaires d’ouverture : lundi au vendredi de 10 à 18 h. Station RER "Grande Arche de la Défense".
Articles and files ; Manifesto
L’AMI (Ateliers Mutualisés pour un Usage Social de l’Information) - 61 rue Victor Hugo, 93500 Pantin, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 44 09 52 - Fax : 33 (0)1 48 43 74 44 - France - www.lami.org - lami (@) lami.org