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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Les leaders, les responsables et les membres des organisations paysannes

Bernard LECOMTE, Brigitte REY

03 / 1995

M.CISSOKHO nous décrit ce qu’il entend par "membres", "responsables" et "leaders" d’une association paysanne.

"Etre "membres", c’est la carte d’identité des gens qui ont accepté d’adhérer à une association volontairement, à partir d’une réflexion. Les membres décident de faire des actions qui puissent être bien maîtrisées, contrôlées et suivies, ils donnent des responsabilités à des individus. Par exemple, quelqu’un est responsable du moulin, deux personnes sont responsables du jardin. Ce sont "les responsables". Et certains membres sont élus pour diriger l’association, on les appelle les "leaders". Ce sont des gens auxquels l’association fait confiance pour leurs capacités à bien diriger le groupe, à mettre en cohésion les gens, à faire appliquer les règles. Ce sont les "gens qui sont devant"; "Niatonko" en mandingue, alors que responsable se dit "Ouessambala".

Le travail du leader est : comment faire pour que les gens qui vivent dans une zone décident eux-mêmes des solutions à leurs problèmes; comment faire pour que l’autorité qu’ils ont mise en place respecte cela ? L’argent, le pouvoir ne corrompent pas toujours les leaders mais la tentation est permanente. Les maladies des leaders sont de garder le pouvoir ou bien de s’autosuffire. Il ne faut pas qu’ils agissent seuls, qu’ils croient tout savoir, tout diriger car, ainsi, ils confisquent et la parole et le pouvoir en ne faisant pas participer les autres.

La grangrène peut s’installer entre les leaders, quand ils font des clans. L’un des leaders fait s’approcher quelques personnes autour de lui (soit dans l’instance de décision, soit hors)pour créer un groupe à lui. C’est le meilleur moyen de tuer la dynamique interne de l’autocontrôle de l’association. Car chaque fois que des membres vont critiquer le leader, son groupe le défendra au lieu de voir pourquoi on le critique. Un conseil des sages peut équilibrer cette situation qui bloque la parole des membres. Une difficulté vient de notre organisation elle-même. Dans toutes les structures classiques, il y a une séparation entre l’exécutif et les décideurs. Dans les associations, les décideurs sont en même temps l’exécutif. Ce mélange de fonctions est la spécificité du mouvement paysan, du moins dans ses premières étapes. Les leaders y sont en même temps acteurs et décideurs. Et, en plus, ils sont "membres" à tous les niveaux. Il faut observer la manière dont les choses commencent".

Key words

countrymen’s organization, citizen responsibility, popular participation, power


, Senegal, Bamba Tialene

Notes

Entretien effectué par LECOMTE, Bernard.

Mamadou CISSOKHO est le président de la Fédération des ONG du Sénégal (FONGS) qui, malgré son nom, est une fédération d’Unions d’organisations paysannes. Il a fondé, en 1978, le comité de Bamba Tialène qui a ensuite bourgeonné pour donner naissance à l’Union des "Ententes".

Source

Interview

1993/10 (France)

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