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La médiation de paix des Eglises en Afrique du Sud

03 / 1994

Au cours de l’année écoulée, la violence en Afrique du Sud a fait quelque 25 000 victimes, dont 20% pour raisons politiques.

Après la signature de l’Accord National de Paix, des instances nationales, régionales et locales, ainsi que de "Comités de Paix" ont été mis en place afin de favoriser la transition démocratique et réduire les conflits et la violence. Cette tâche a été confiée à des médiateurs venant d’horizons divers et identifiables par un uniforme, mais souvent hommes de religion, prêtres ou pasteurs. Dans les zones rurales, les "Comités de Paix" n’étaient parfois composés que d’une seule personne.

En septembre 1992, un programme de médiation des Eglises (EMPSA)a été lancé à la demande des Eglises sud-africaines, inquiètes de la montée de la violence politique et de ses incidences sur le processus en cours. Ce programme mobilisait des personnes venant du monde entier mais toutes issues de la société civile, à la différence des observateurs de l’ONU et de la CEE qui sont des professionnels détachés par leur gouvernement. Dans la pratique, ces médiateurs oecuméniques sont souvent assimilés aux observateurs de l’ONU. En Afrique du Sud, les Eglises ont une autorité morale au moins égale, sinon supérieure, à celle de l’ONU et de la Communauté européenne.

L’objectif d’EMPSA était de renforcer l’autorité morale des médiateurs locaux et de les épauler. Au Ciskeï, les observateurs-médiateurs internationaux n’étaient jamais seuls sur le terrain, mais accompagnés, soit d’un coordinateur local EMPSA, soit d’un militant de l’ANC. Tout reposait sur la notion de tierce-partie qui, par sa présence dissuasive, pouvait limiter les risques de violences délibérées. Le tiers, par son origine extérieure et son autorité morale, pouvait aussi contribuer à faire prévaloir une solution sans que les protagonistes aient le sentiment de perdre la face. La mission n’excédait pas 4 à 6 semaines, mais il importait d’être là au moment opportun.

Dans les régions de forte implantation de l’INKHATA, la mission de médiation n’avait guère de pouvoir d’intervention. (1) Dans le Bantoustan du Ciskeï, les problèmes n’étaient pas liés à l’INKHATA et à des luttes de factions mais à la politique de répression multiforme (refus des élections, interdiction de l’ANC, parti unique, police politique)pratiquée par le régime en place.

En vue des prochaines élections législatives en Afrique du Sud, l’objectif d’EMPSA est d’atteindre le nombre de 300 observateurs-médiateurs, dont 15 Français. Dans cette perspective, le CCFD a organisé fin mars 1994 un séminaire de formation à ces missions. Celles-ci seront amenées à jouer un rôle dans la préparation et la surveillance des élections, en s’assurant notamment de la liberté de mouvement des électeurs pendant les trois jours de vote. Du bon déroulement du scrutin dépend en effet la légitimité du futur gouvernement. Pendant 5 ans, il y aura un gouvernement d’union nationale, certes dominé par l’ANC, mais où toutes les tendances seront représentées.

L’héritage reste écrasant, les structures du pays étant encore celles de l’apartheid. De grandes incertitudes planent également sur l’attitude des jeunes après les élections. Dans l’hypothèse d’une explosion sociale se posera la question du rôle des observateurs.

Key words

mediation for peace, mediator, observation mission, violence, church, political transition, election, solidarity, democratization process


, South Africa

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Construire la paix : éléments de réflexion à partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales

Notes

(1) En octobre-novembre 93, un deuxième groupe de médiateurs EMPSA s’est rendu en Afrique du Sud, notamment au Natal, en plein bastion de l’INKHATA (IFP). Au cours de la mission, deux médiateurs se sont trouvés en situation d’interposition entre l’IFP et l’ANC; leur présence a permis d’éviter une explosion de violence à Kwanokweja.

Contact : Revue PROJET. 6 rue d’Assas 75006 Paris, FRANCE

Source

Interview

Fiche rédigée par le CCFD sur la base d’une interview de Christian Mellon par Claire MOUCHARAFIEH. C.MELLON est rédacteur en chef de la revue "PROJET" et membre de la Commission Française Justice et Paix. Il est le premier Français à avoir participé à une mission de médiation EMPSA, de juillet à août 1993, et a été envoyé dans le Bantoustan du Ciskei.

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