L’ingérence internationale n’a pas beaucoup de succès à inscrire à son actif, à l’exception sans doute de la Namibie et de l’Afrique du Sud. Le refus de la communauté internationale d’accepter l’apartheid, c’est à dire le dispositif juridique interne d’un Etat, en est sans doute un des rares exemples positifs.
L’ingérence est une sorte d’entrée par effraction, illicite au regard de la souveraineté des Etats, d’acteurs extérieurs. Mais il faut se garder de tout amalgame entre l’ingérence des Etats et celle des organisations issues de la société civile, c’est-à-dire les ONG, car il ne peut y avoir ingérence qu’entre deux entités de même nature. On peut toujours s’interroger sur les motifs de l’ingérence non étatique, mais en règle générale les ONG n’entrent en action que pour des raisons humanitaires.
Dans le cas des Etats, en revanche, les objectifs poursuivis sont toujours de nature politique. Il s’agit généralement de rapports de force où le "fort" intervient sur le territoire du "faible". Cela dit, la règle des Etats est généralement la non-ingérence. On le voit en Bosnie, en Asie centrale, au Caucase, en Chine, dans les territoires palestiniens occupés... Les quelques cas d’exception ont tous des explications ad-hoc. Le cas du Cambodge reste spécifique, car l’intervention des forces de l’ONU, l’APRONUC, est consécutive à un accord politique - l’accord de Paris - signé entre les quatre parties qui se partageaient le pouvoir en attendant des élections. Cette force internationale, au demeurant, s’est soigneusement abstenue de toute intervention auprès de la partie (Khmers rouges)qui violait régulièrement les accords de Paris.
L’exemple de l’ingérence politique au Kurdistan irakien, sous couvert d’alibis humanitaires, dans la foulée de la guerre du Golfe, est très éclairant : au moment même de l’intervention des coalisés, les plus graves massacres avaient lieu non pas au Kurdistan, mais dans le Sud chiite de l’Irak, où la répression a été atroce et s’est déroulée dans l’indifférence générale.
Beaucoup mieux organisés, les Kurdes d’Irak ont lancé le mot d’ordre de fuite vers les pays voisins, et ce n’est qu’à partir du moment où cet exode massif a commencé à déstabiliser la Turquie, que le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui permet l’application de sanctions, a été invoqué, au nom de "la paix et de la sécurité régionale" et non pas au nom du droit des peuples.
On peut dès lors conclure que tant les massacres se déroulent à l’échelle locale - comme c’est le cas au Caucase, au Zaïre, au Burundi ou au Rwanda - ou sans menacer la sécurité régionale, ni les Etats, ni la communauté internationale n’interviennent.
Le cas de l’Algérie est plus complexe. On peut bien sûr regretter qu’il n’existe pas d’actions de la part d’ONG observatrices ou médiatrices. Mais on ne voit guère ce que des organisations humanitaires, comme Médecins Sans Frontières, pourraient faire dans l’état actuel des choses.
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La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et les nouveaux défis du XXIe siècle
Interview
Rony BRAUMAN était Président de Médecins Sans Frontières à la date de l’entretien. Il a démissionné peu de temps après. L’adresse de MSF : 8 rue Saint-Sabin, 75011 Paris, FRANCE - www.msf.fr
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