Pour entrer en compétition avec les medias de masse, les radios communautaires doivent utiliser les mêmes armes tout en gardant leur âme...
12 / 1994
«C’est ici et maintenant que nous devons faire une radio communautaire.C’est en ce monde néolibéral écrasant que nous devons construire une radio communautaire». Pour pallier l’hégémonie établie sous prétexte d’instaurer un «nouvel ordre mondial», dont la vision est fortement représentée dans les médias de masse, voici trois suggestions.
La première est de miser sur la qualité de la programmation des radios communautaires, afin d’entrer en directe compétition avec les médias de masse. Cette stratégie pourrait aller jusqu’à inclure la possibilité d’utiliser les mêmes règles que celles imposées par le marché actuel de la libre compétition tel que de rentabiliser les stations de radios communautaires en recourant à des moyens comme la publicité.
La deuxième proposition est de viser, tout comme les radios commerciales, sur le volume de l’audience. Cependant, contrairement aux radios commerciales, les radios communautaires doivent continuer à honorer leur mandat de non seulement parler, mais bien de «faire parler». Le tout en concentrant leurs efforts sur ceux que l’on n’a pas souvent l’occasion d’entendre: les marginalisés.
La troisième alternative serait de moderniser, voire dépoussiérer, la programmation des radios communautaires. Les programmateurs ne devraient pas craindre de faire appel aux mêmes formules qui ont du succès dans les radios commerciales. L’humour, le sensationnalisme, la polémique, le ludisme, la sensualité, le pragmatisme, l’émotion, l’énigme et le fantastique, sont tout autant de recettes qui ont depuis longtemps obtenu la faveur du public.
Le défi réel des radios communautaires est donc de se servir du modèle dominant de communication, tout en prenant soin, toutefois, de préserver un schème horizontal qui laisse place au pluralisme des idées. Le tout afin de survivre à la compétition féroce et de pouvoir continuer d’émettre un message fondamentalement distinct.
community radio, popular culture, community development
,
Le fait de s’inspirer des radios commerciales, pour produire des émissions de qualité correspondant au goût de notre époque et qui rejoignent un public vaste, ne signifie pas pour autant de renoncer au mandat des radios communautaires. Un mandat dont l’objectif principal est de démocratiser la parole en vue de permettre une véritable démocratisation de la société. Par exemple, si dans le cadre d’une émission, on cherche à dénoncer une situation portant préjudice aux membres de la communauté desservie par la radio, n’est-il pas plus attrayant de recourir au radio-théâtre humoristique plutôt que d’adopter le style pamphlétaire du monologue dénonciateur?
Communication présentée en Bolivie en mai 1992 ainsi qu’au cinquième congrès de l’AMARC, tenu au Mexique en août 1992.
Interview
AMARC=ASSOCIATION MONDIALE DES RADIODIFFUSEURS COMMUNAUTAIRES, AMARC, 1992/05 (EQUATEUR)
AMARC (Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires) - Sécrétariat international : 705 rue Bourget, bureau 100, Montréal, Québec, CANADA, H4C 2M6 - Tél : + 1-514 982-0351 - Fax : + 1-514 849-7129 - Canada - www.amarc.org - secretariat (@) si.amarc.org