Des ONGs d’Inde, du Bangladesh et du Népal veulent travailler là où les gouvernements n’osent s’aventurer pour des raisons politiques. Elles proposent une "approche intégrée" comme la seule façon possible pour calmer les turbulences à propos du partage des eaux des fleuves. Ramaswamy Iyer du Centre de recherche politique(CPR)de Delhi qui coordonne une étude du problème déclare:" Nous avons essayé de transcender les perspectives nationales pour l’exploitation des immenses ressources potentielles en eau de la région." Les autres organismes parties prenantes sont le Bangladesh Unnayan Parishad(BUP)de Dhaka et l’Institut des études de développement intégré de Kathmandou. L’étude conjointe est intitulée:"Convertir l’eau en richesse: Coopération régionale pour l’aménagement des cours d’eau de l’Himalaya oriental". Elle montre, qu’en absence de programmes communs entre l’Inde et le Bangladesh, des projets extrêmement coûteux ont été dupliqués. Il en est résulté une sous-utilisation nette des eaux. B.G. Verghese, un chercheur du CPR note que seuls 5% du débit annuel du Brahmapoutre(soit 537 km cubes)sont, à l’heure actuelle, utilisés par les deux pays. Ce travail révèle en outre que la négation des besoins de l’autre pays conduit à de sérieuses difficultés environnementales. Le blocage des eaux du Gange par l’Inde, à Farakka, a provoqué l’hydromorphisme de grandes superficies autour du barrage. Au Bangladesh aussi, le barrage a causé la désertification virtuelle du tiers du pays ainsi que ladéforestation et l’amenuisement des ressources halieutiques à en croire de nombreux critiques. Détail significatif, cette étude a ressuscité un plan du gouvernement du Bangladesh pour un partage systématique des eaux des fleuves Brahmapoutre, du Gange, du Teesta, du Muhuri, du Manu, du Gumti et du Khowai. Ce qui exigerait l’édification de barrages et de retenues tant au Népal qu’au Bhoutan pour emmagasiner les eaux appelées à être utilisées par l’Inde et le Bangladesh lors de la maigre saison. En attendant, Iyer échafaude des plans pour faire connaître du plus grand nombre les conclusions de cette étude. A cette fin, il essaye d’organiser séminaires, colloques, discussions publiques... et il distribue opuscules et brochures déclarant que même les liens entre les communautés des universitaires des différents pays ne sont pas à négliger en l’occurrence.
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, India, Bangladesh, Nepal, Himalaya
Les problèmes de l’eau dans cette région du monde sont particulièrement aigus et multiformes. L’eau est rare par endroits. Elle est meurtrière dans certaines autres parties du fait des inondations- parfois terribles et dévastatrices comme en 1991-au Bangladesh. Elle peut être particulièrement contaminée: ainsi, en Juin 1994, choléra et gastro-entérite faisaient des ravages à Delhi même et les journaux imprimaient d’énormes placards pour appeler les gens à être très prudents vis-à-vis de la qualité de l’eau de boisson. L’eau est vitale, c’est un truisme; mais ici, elle autorise l’agriculture irriguée. Il n’est que trop clair que riende durable ne saurait se faire sans la coopération des peuples dont les territoires sont traversés par ces majestueux et puissants fleuves. L’action de ces ONGs est courageuse dans la mesure où elle tente de dépasser les clivages ancestraux et les haines séculaires. C’est un exemple pour d’autres parties du monde et d’autres peuples: les hommes sont les artisans de leur destin.
Titre de l’artcile : "Bridge over troubled waters"
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BHATTACHARYYA, Anirudh, SOCIETY FOR ENVIRONMENTAL COMMUNICATIONS in. DOWN TO EARTH, 1994/06/30 (INDE), Vol.3 N°3