Le maintien dans le futur logement et le rééquilibrage familial demandent une réflexion en amont du problème de logement
05 / 1993
Le projet en partenariat.
L’action menée est très petite. Elle concerne trois familles de Wallonie (Belgique). Elle est menée en partenariat entre le Fonds du logement des familles nombreuses (propriétaire de logements) et l’Interrégionale wallone des habitants de cités (IWHC), fédération d’associations de locataires et organisme d’éducation permanente. Ce partenariat est voulu parce qu’il y a une complémentarité de rôle à rechercher et qu’un propriétaire ne peut pas mener simultanément toute l’action sociale.
Quand bien même il y aurait une offre suffisante, un financement suffisant, on est confronté au jour le jour à une population qui a une culture particulière, qui a des comportements qui rendent difficile de les maintenir dans un logement. Là, se pose la question du travail social, en aval de la participation elle-même et de la préparation des participants et des acteurs. Ce travail social est en soi au logement ce que la microbiologie est à la santé, ce que la cellule est à l’individu.
Le Fonds du logement, avec l’IWHC, a donc décidé, dans certaines situations extrêmes telles que des expulsions, de proposer une solution assez particulière appelée « hébergement de réinsertion ». Le moment où une famille se trouve en situation d’urgence est un moment choc et, en même temps, un moment important pendant lequel il y a moyen de travailler avec elle sur les raisons de ses difficultés de comportement.
La question est de re-responsabiliser les personnes concernées, et donc, au lieu de leur proposer un logement stable, de leur proposer un logement précaire, pour une courte durée ; pendant cette courte durée, le logement sera garanti moyennant la démarche d’accompagnement assurée par l’IWHC. Le Fonds du logement signe un contrat d’hébergement -et non de logement- à durée limitée (au départ pour six mois renouvelables). Dans ce contrat d’hébergement est stipulé le respect du contrat d’accompagnement qui, lui, est signé avec l’IWHC. Le Fonds du logement assure son rôle strict de propriétaire, mais en concertation étroite avec l’Interrégionale, ce qui veut dire que le moindre écart par rapport au respect du contrat (retard de paiement par exemple) est immédiatement signalé bien sûr au locataire, mais aussi à l’IWHC. Une discussion a lieu sur la manière de faire progresser le famille par rapport à son problème de paiement.
C’est là que l’Interrégionale wallone des habitants de citéz intervient en terme d’accompagnement social. Ce n’est pas une guidance par un assistant ou un organisme qui assure le revenu ou apporte une assistance sociale, mais c’est la solidarité d’une association de locataires qui va aider à sortir de l’assistanat pour reprendre en main son destin.
Le contrat porte sur trois domaines :
a) D’abord le budget familial : l’association s’engage à aider à endiguer l’endettement et à retrouver une maîtrise de la situation financière ; en contrepartie, la famille locataire s’engage à ouvrir son livre de budget familial pour que l’on puisse rechercher comment sortir de la crise.
b) Le comportement du locataire dans son logement : il faut l’amener progressivement à retrouver un comportement correct de bon citoyen qui gère son logement en bon père de famille ; le contrat porte sur une série de travaux à réalier dans le logement avec l’aide de l’association (retapisser, effectuer de petits travaux d’entretien qui vont faire l’objet d’une certaine valorisation ; grâce à ces travaux, la famille va pouvoir accumuler progressivement un petit pécule.
c) Enfin, les deux partenaires s’engagent à faire ensemble la recherche active d’un logement définitif puisque le logement d’hébergement est transitoire.
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, Belgium, Charleroi
L’avantage d’un tel projet, c’est que l’interpellation des pouvoirs publics ne peut se faire qu’à partir d’un projet concret et d’une pédagogie ; il leur donne l’occasion de rechercher des moyens macro de solutionner le problème.
D’autre part, ces actions, par le bruit qu’elles font, permettent à un certain nombre d’autres familles de retrouver d’une façon étonnante un logement.
Enfin, un rapide calcul montre que, pour pouvoir mener une action comme celle-ci, si on compte qu’un opérateur social, à plein temps, s’occupe de cinq à dix familles par mois, cela fait un budget à peu près de 200 000 FB (environ 5 000 Ecus) par an pour l’accompagnement d’une famille. Le minimum vital garanti par le CPAS revient à un équivalent de 245 000 FB par an pour une famille de même taille. Ce calcul mériterait d’être approfondi et pourrait être une démonstration de l’importance d’investir dans les travailleurs sociaux.
Cette expérience a fait l’objet d’une intervention en tant qu’étude de cas dans la cadre du séminaire « Le rôle du logement dans la construction de l’Europe sociale » en septembre 1992 organisé par HIC Europe avec la Commission. Elle est publiée dans les Actes de ce séminaire.
Colloquium, conference, seminar,… report
TRIGALET, Paul, QUEVIT, Anne, FONDS WALLON DU LOGEMENT DES FAMILLES NOMBREUSES, INTERREGIONALE WALLONNE DES HABITANTS DE CITES, 1993/06/00 (Belgique)
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