Contexte et enjeux.
Tegucigalpa, capitale du Honduras, compte 800 000 habitants et un taux de croissance annuelle de 5,2 %. Près de 60 % de cette population vit dans des bidonvilles où les équipements de base sont absents et les services défaillants : 40 % de la population n’a pas accès au réseau d’adduction d’eau et s’approvisionne auprès de camions-citernes gérés par des entrepreneurs privés. 80 % des familles consacrent plus de 10 % de leur revenu mensuel à l’achat d’eau, ce qui représente des sommes considérables (2,7 millions US $ en 1993). La qualité de cette eau fournie dans des conditions d’hygiène aléatoires n’est pas contrôlée.
Description de l’action.
"Le service classique offert par la Compagnie nationale de l’eau et de l’assainissement (SANAA)ne correspond pas aux besoins et aux revenus des populations des quartiers périurbains. Trois alternatives ont été conçues par le Bureau spécial des quartiers marginaux (UEBM)en lien avec la SANAA : vente directe d’eau aux communautés depuis le réseau SANAA au moyen de macro-compteurs ; forage de puits équipés de pompes électriques approvisionnant un réservoir collectif ; transport par camions-citernes des centres de distibution de la SANAA jusqu’aux réservoirs collectifs".
Un document de politique générale préparé en 1989 par l’UEBM et de la SANAA précise la répartition des tâches et des responsabilités :
- participation communautaire "à la construction (apport de main d’oeuvre et de matériaux), aux coûts d’investissement et de maintenance, à la gestion du système au sein du conseil d’administration".
- l’UEBM, la SANAA et l’UNICEF mobilisent les financements pour "les activités relatives au développement institutionnel, la réalisation de systèmes d’approvisionnement, le suivi technique et financier. Le recouvrement (total ou partiel)des coûts de chaque projet alimente un fonds de roulement utilisé pour de nouveaux investissements".
Historique.
"En 1987, le gouvernement du Honduras, avec l’aide de l’UNICEF, crée l’UEBM, institution chargée d’aider les secteurs périurbains non encore desservis par le réseau central d’adduction de la SANAA. Au départ, l’UEBM doit faire face à de nombreux problèmes : budget insuffisant, manque de réglementations claires en matière d’adduction d’eau dans le secteur périurbain. Des comités de gestion de l’eau sont mis en place, un fonds de roulement est constitué. Début 1991, l’UEBM acquiert son autonomie. Désormais en mesure de formuler et de gérer un plan d’actions, elle élabore une stratégie sur la participation de la communauté, point clé du programme.
En 1992, le Centre international de l’eau et de l’assainissement (IRC)est sollicité pour appuyer une évaluation participative du programme, tirer les leçons de l’expérience, analyser les résultats obtenus et la réplicabilité des projets".
Objectifs
"Le programme avait pour objectif de diminuer l’incidence de la mauvaise qualité de l’eau et de l’assainissement sur les maladies frappant la population périurbaine et de fournir les équipements de base nécessaires à l’approvisionnement en eau potable de ces populations".
Résultats
"En 1993, 37 000 foyers étaient approvisionnés régulièrement en eau. Les communautés bénéficiaires ont souligné ce qui leur paraissait primordial :
- un gain de temps certain et une plus grande quantité d’eau, à meilleur prix,
- une diminution du nombre des maladies de la peau et de l’appareil digestif ainsi qu’une meilleure hygiène,;
- un accès à l’eau amélioré et plus équitable et donc des relations de voisinage meilleures et un approvisionnement plus régulier,
- une amélioration de l’hygiène personnelle et une diminution des risques d’agression des femmes et des enfants liés aux déplacements pour l’approvisionnement".
Problèmes rencontrés
"Un manque de formation spécifique du personnel de l’UEBM et des membres de la communauté formant les comités de gestion. Une participation communautaire qui s’est limitée à la contribution financière des bénéficiaires, à l’apport de main d’oeuvre et à la fourniture de matériaux et ne s’est pas véritablement élargie à la gestion du système et à la prise de décisions sur le programme. La gestion du fonds de roulement a posé des difficultés à la SANAA peu habituée à ce type de dispositif. La population a démontré quant à elle, sa solvabilité de ce point de vue".
Leçons à tirer de l’expérience
"Si l’ont veut atteindre les plus pauvres, des approches non conventionnelles sont nécessaires au développement de systèmes d’approvisionnement en eau des secteurs périurbains. Il doit s’agir d’approches spécifiques, les solutions adaptées au monde urbain ou au monde rural ne pouvant être appliquées. Ce type d’activité est reproductible dans d’autres pays d’Amérique centrale ou d’autres secteurs périurbains de grandes villes du tiers-monde".
drinking water, popular participation, urban development, financing, hygiene, health
, Honduras, Tegucigalpa
Contact : Norah ESPEJO, Research Officer, Consultant IRC, PO Box 93190, 2509 AD La Haye (Pays Bas). Tél.(31-070)33 141 33. Fax (31-070)38 140 34. Rédigé à partir d’une fiche, largement citée, parue dans : L’eau et la santé dans les quartiers urbains défavorisés, Paris, GRET, 1994, p. 138-139.
Book
GRET, 1994/05 (France)
Développement et Civilisations - Centre international Lebret-Irfed - 49 rue de la Glacière, 75013 Paris, FRANCE - Tel 33 (0) 1 47 07 10 07 - France - www.lebret-irfed.org - contact (@) lebret-irfed.org