Le Sri Lanka a tenté diverses mesures pour orienter et soutenir les exportations d’origine rurale dans le cadre d’une politique plus générale de diversification des exportations. En 1981, ce pays, où les ruraux représentent les 4/5 de la population, a mis au point le programme "villages de production pour l’exportation" (VPE), qui avait pour objectifs, par le développement des exportations, d’améliorer les conditions de vie dans les villages en créant des revenus nouveaux et des possibilités d’emplois. Chaque village concerné par le programme devait mettre en place une société par actions composée de petits producteurs, chargée de promouvoir une production auprès d’un exportateur ou d’un groupe d’exportateurs et aidée dans cette démarche par l’Office de développement des exportations, un organisme gouvernemental sri lankais.
1. Mise en place des sociétés
Le nombre minimum d’actionnaires par société a été fixé à 50, aucun d’entre eux ne pouvant détenir plus de 50 % du capital.
Avant la création de la société, trois étapes sont nécessaires :
- Le choix des produits est déterminé en fonction des avantages comparatifs qu’ils peuvent procurer à l’exportation et de la facilité à les produire.
- Le choix du village se fait en fonction de son potentiel de production, de sa situation géographique, des qualités et de la motivation des intervenants.
- Le choix des exportateurs dépend de leurs capacités à trouver des débouchés, à permettre à la production d’évoluer.
D’autres facteurs sont pris en compte dans le choix d’un projet, tels que la rapidité de mise en oeuvre, les avantages en terme d’emplois, la valeur ajoutée escomptée, la facilité technique de mise en oeuvre.
Après cette phase de sélection, il est indispensable d’inclure les villageois dans le projet, qui bien souvent constitue une remise en cause de leur système de production. Il s’agit donc de les motiver, de les encourager à participer au projet, de les mobiliser.
2. Démarrage des activités
Lorsque la société est enregistrée, le projet prévoit la convocation d’une assemblée générale des actionnaires chargée d’élire un conseil d’administration représentatif de leur diversité. Ce conseil peut comprendre des conseillers à rôle consultatif. Le président directeur général, qui conditionne souvent la réussite de ce type de société, est nommé par l’Office de développement des exportations. Il est bien souvent le chef de l’exécutif local.
Le conseil d’administration, qui se réunit une fois par mois, a plusieurs fonctions :
"- élaborer les plans de production et de commercialisation pour les VPE ;
- négocier avec les exportateurs, pour le compte des actionnaires-producteurs ;
- assurer la liaison avec les autorités gouvernementales, les banques et les autres organismes pour les questions touchant les intérêts des actionnaires ;
- veiller à ce que les producteurs reçoivent à temps tout ce dont ils ont besoin, qu’il s’agisse de la production, des apports techniques ou de la vulgarisation ;
- assurer que chaque actionnaire-producteur honore tous ses engagements ;
- assurer l’exécution de programmes de formation et prendre les mesures qui s’imposent pour améliorer l’efficacité et la productivité des membres du VPE ;
- veiller à ce que la société s’acquitte promptement de toutes les obligations prévues par la loi".
3. Sources de financement
Les besoins de financement des sociétés sont faibles en ce qui concerne les dépenses d’équipement et importantes pour la trésorerie. Pour cela, les sociétés disposent de trois sources de financement :
- le capital-action des producteurs
- l’Office de développement des exportations qui détient la moitié du capital
- les banques commerciales qui accordent des avances de trésorerie et des facilités de caisse.
Les sociétés peuvent toucher une commission sur les ventes aux exportateurs (jusqu’à 20%)afin de couvrir les frais de ramassage et de transport des marchandises jusqu’à l’exportateur.
4. Cadre institutionnel
Trois organismes participent à l’opération VPE :
- L’Office de développement des exportations dirige toute l’opération
- le ministère du Commerce, qui est à l’origine du projet, continue à impulser le développement de ces villages
- les administrateurs des provinces et des districts interviennent eux aussi.
La production est volontairement centrée sur le producteur individuel aussi bien en ce qui concerne la production agricole que l’artisanat ou l’industrie. Le producteur étant en fait un sous-traitant qui approvisionne les exportateurs par l’intermédiaire de la société du VPE. Le producteur reçoit une formation venant souvent de l’exportateur, mais aussi d’organismes publics spécialisés ou par l’Office de développement des exportations lui-même. Ce volet "formation" constitue une des grandes priorités de l’opération.
5. Résultats
Cette opération expérimentale a été globalement une réussite. Même si le tiers des VPE ne sont jamais devenus pleinement opérationnels, les autres ont créé des revenus, des recettes d’exportation et de l’emploi, prouvant ainsi que le secteur rural peut contribuer au développement des exportations, à l’économie nationale comme à l’économie d’un village.
rural development, economic development, methodology, countrymen’s organization, popular participation, exportation agriculture, handicraft, innovation, micro macro relations, history of success
, Sri Lanka
L’originalité de cette démarche consiste à considérer les exportations non plus seulement en terme d’économie nationale, de balance commerciale excédentaire ou déficitaire, mais aussi comme un facteur de développement rural au niveau d’une communauté d’individus à la base.
Articles and files
KULATUNGA, Sugathadase in. FORUM DU COMMERCE INTERNATIONAL, 1993/03, 1/1993
Développement et Civilisations - Centre international Lebret-Irfed - 49 rue de la Glacière, 75013 Paris, FRANCE - Tel 33 (0) 1 47 07 10 07 - France - www.lebret-irfed.org - contact (@) lebret-irfed.org