Le traitement des eaux polluées se fait classiquement par séparation physique au moyen de décanteurs. Cette technique pourrait bien être progressivement remplacée par l’utilisation de membranes d’ultrafiltration, procédé mis au point par le Centre international de recherche sur l’eau et l’environnement (CIRSEE) de la société Lyonnaise des Eaux-Dumez. Ce centre vient en effet de montrer que les bio-réacteurs à membranes (BRM), dans le recyclage des eaux résiduaires industrielles, éliminent les matières organiques avec une efficacité de 95% et que la qualité de l’eau obtenue est suffisante pour qu’elle soit utilisée dans l’usine (lavage des cuves, arrosage…).
Dans les BRM, des micro-organismes transforment les polluants organiques (matières fécales, graisses, lessives, résidus végétaux) et minéraux (nitrates, ammoniaque, phosphates,…) en gaz (gaz carbonique ou méthane) et en biomasse. Le grand avantage sur les autres techniques est la possibilité d’avoir une concentration beaucoup plus importante en bactéries, et de pouvoir les conserver.
L’eau traitée est d’excellente qualité puisque les membranes, filtres absolus, éliminent virus et bactéries. Les installations, plus compactes et de maintenance plus aisée en raison de l’automatisation, sont plus efficaces et entraineront une diminution du volume des boues d’épuration : il reste seulement à gérer le débit d’eau à l’entrée du réacteur et le taux d’extraction des boues. Les utilisateurs potentiels sont en premier lieu l’industrie pharmaceutique, agroalimentaire, chimique, cosmétique, etc…
Mais ce procédé pourrait se généraliser au traitement des eaux urbaines (immeubles, hôpitaux, hôtels…) en vue d’un recyclage maximum ou d’un usage agricole ou dans des espaces de loisir. Cette démarche s’inscrit dans le programme « qualité et épuration de l’eau » lancé en 1991 par le ministère de la Recherche et de l’Espace et celui de l’Environnement, le GEMAGREF, l’IFREMER, la Lyonnaise des Eaux-Dumez et la Générale des Eaux, et qui a pour but de mettre au point les techniques d’assainissement des prochaines décennies.
water, water recycling
, France, Europe
Regards croisés sur la gestion de l’eau
Ce procédé est mis au point au Nord pour améliorer le recyclage d’une eau de qualité pour le Nord. Les installations devenant de plus en plus compactes et de plus en plus efficaces seront de plus en plus faciles à installer et à entretenir. Il faut donc penser à les utiliser au Sud où le problème de l’alimentation en eau bactériologiquement propre est crucial. Bien sûr, le problème du coût va se poser mais la santé des populations du Sud a t-elle un prix? Ces techniques de purification de l’eau sont à l’heure actuelle en pleine évolution au Nord où les nouvelles technologies permettent de se libérer des produits désinfectants tels l’hypochlorite de sodium (eau de Javel), le chlore ou l’ozone qui sont susceptibles non seulement d’agir sur les propriétés organoleptiques de l’eau mais aussi sur sa composition chimique. Depuis le premier janvier 1993, la ville d’Auvers/Oise utilise un procédé de nanotechnologie pour filtrer son eau sans le recours à un produit chimique. Cette technique est pour le moment coûteuse.
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LA RECHERCHE, 1992/10 (France), 247