Depuis déjà une décade, on réfléchit au problème suivant: comment obtenir de l’énergie par combustion des algues ? Paul Jenkins, de l’Université de Bristol(G.B.)pense avoir la réponse. Il a mis au point un réacteur de 5 m de hauteur baptisé Biocoil, dans lequel, grâce aux rayons solaires, il fait croître une algue commune, fort abondante: Chlorella. A intervalles réguliers, il en extrait une certaine quantité qu’il filtre, sèche puis moud en poudre fine qu’il injecte avec 5
de mazout dans un moteur à combustion interne conventionnel. Le gaz carbonique issu de cette oxydation est réinjecté au milieu nutritif, dans le bioréacteur. Jenkins a ainsi réussi à cultiver de façon économique l’algue et à produire une électricité dont le prix -à en croire des experts indépendants- est parfaitement comparable à celle obtenue au moyen du nucléaire, du gaz ou du charbon. Mieux, notre inventeur a accompli un tour de force : intégrer le bioréacteur au moteur. Ce dernier en effet, fournit de l’anhydride carbonique qui va au Biocoil, on l’a dit mais, de plus, le séchage de Chlorella se fait grâce à la chaleur dégagée. Biocoil est, en fait, l’oeuvre d’une firme de biotechnologie spécialisée dans le traitement des eaux usées. Jenkins en a cependant considérablement augmenté le rendement comparativement aux techniques courantes de production de Chlorella dans les bacs et les lagons des stations d’épuration classiques. Le mazout n’est indispensable que lors du démarrage de l’engin pour donner un nuage de très fines gouttelettes qui s’enflammeront, par exemple, par compression (dans le cas d’un moteur Diésel). A l’heure actuelle, le spécialiste anglais cherche des partenaires dans les pays méditerranéens car là dit-il "le soleil nécessaire à la croissance de l’algue est plus généreux que dans les brumes de l’Angleterre profonde."
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, África, Mediterranean countries
Yves Charbonnel, de la Faculté des Sciences de Toulouse, a lancé plusieurs stations d’épuration en Afrique (Cameroun, Bénin...)et a trouvé divers emplois aux algues récoltées. On voit donc les opportunités qu’offre ce moteur d’un genre nouveau: en améliorant le rendement photosynthétique des installations de Charbonnel, dans les villages où son système d’épuration est installé, on pourrait produire de l’électricité. Ce qui est de nature bien évidemment à améliorer sensiblement la vie des gens (réfrigérateurs pour conserver vaccins, médicaments..TV etc..)Reste bien sûr le lancinant problème de la maintenance et des pièces détachées mais s’agissant d’un moteur somme toute banal, comme celui d’un tracteur ou d’un camion, cette difficulté ne devrait pas être insurmontable tout comme la préparation du milieu nutritif. Dans une Afrique où le prix des produits pétroliers atteint des sommets, ce carburant vert est le bienvenu. Les pays développés ne s’y mettent-ils pas? (Cf Rapport Lévy en France sur les biocarburants Février 1993)
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COGHLAN, Andy, IPC Magazines Ltd in. NEW SCIENTIST, 1993/01/16 (Royaume Uni), 1856