Les leçons du stage de formation suivi par Barka Fofana
11 / 1994
A l’initiative de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation), de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance)et de l’ACCT (Agence de Coopération Culturelle et Technique), un programme de relance de la radio rurale est en cours au Mali. Il passe tout d’abord par la formation de 53 animateurs de radio répartis en trois groupes suivant chacun le même stage de six semaines, dispensé par un consultant malien, ancien responsable de la section radio rurale à l’ORTM (Office de Radiodiffusion Télévision du Mali). Barka Fofana, animateur à l’ORDIK (Organisation Rurale pour le développement Intégré de la Kolimbine)et collaborateur bénévole de la radio rurale de Kayes est l’un des bénéficiaires de cette session organisée à Bamako, dans les locaux de l’ORTM. Pour lui, ce stage a d’abord été l’occasion d’aborder une nouvelle méthode de travail. Après une semaine de cours théoriques, les 19 participants ont été divisés en trois équipes, chacune chargée de partir à la découverte d’un village, avec pour consigne de prendre son temps dans l’approche des habitants et des réalités locales. D’où au départ, deux ou trois jours uniquement consacrés à se familiariser avec la population, à rencontrer les autorités traditionnelles et à préparer le programme d’activités avec les habitants eux-mêmes. Après cette prise de contact, Barka et ses collègues se sont essayés à un premier type d’émission : la causerie débat. Celle-ci réunit tout le village et permet de récolter un maximum d’informations afin d’identifier des thèmes de reportages futurs : histoire locale, activités économiques, réalisations des associations villageoises, problèmes quotidiens... Mais Barka a surtout été séduit par un autre type de programme également expérimenté, l’émission publique, qui, par le jeu, parvient à transmettre un message de développement. L’émission débute par une énigme offerte à la sagacité de tout le village. Elle concerne en général une des préoccupations de la communauté. Le jury composé de quatre habitants et d’une personne de l’équipe radio retient les dix meilleures réponses. Ces candidats sont ensuite soumis à l’étape d’éloquence, sorte de jeu de rôle où chacun doit tenter de convaincre, en temps limité, l’assistance de l’utilité de l’instruction des femmes, par exemple, si tel était l’objet de la devinette initiale. Les quatre auteurs des prestations les plus réussies sont ensuite départagés par l’épreuve de l’hommage chanté. Il s’agit là d’improviser une chanson ou un poème toujours sur le même thème. Le classement final permet d’attribuer les prix : argent, lampe à pétrole, torche, tissu, sel, savon... La remise des cadeaux a lieu devant tout le village et suscite une fête collective. Pour Barka, le principe de l’émission publique permet par le jeu de faire réfléchir toute la communauté villageoise sur une réalité la concernant directement. Le message à transmettre et les solutions envisageables sont bien appropriés puisqu’ils ont été formulés par les intéressés eux-mêmes. Diffusée sur les ondes, l’émission réalisée en un lieu donné peut susciter la réflexion ailleurs. Pour Barka, la sortie sur le terrain et le contact direct avec la population constituent également une occasion idéale pour récolter musiques, contes, légendes du terroir et les faire revivre. Barka estime que cette première session lui a été très bénéfique : elle lui a permis de confronter sa conception et sa pratique de la radio rurale à celle de ses collègues. Elle lui a donné l’occasion d’acquérir les techniques d’animation qui font de la radio rurale un puissant outil de développement.
audiovisual, popular culture, training, diagnosis method, rural environment, popular participation, radio, traditional knowledge enhancement
, Mali
Si les 53 personnes formées ne sont pas toutes amenées à mettre à profit cette session immédiatement, celle-ci aura néanmoins permis à des animateurs déjà actifs de se perfectionner et à des techniciens de services administratifs (élevage, santé, affaires sociales...)appelés à utiliser la radio rurale dans leurs activités, de se familiariser avec cet outil de communication. A l’issue de cette formation, les stagiaires ont pu fournir à la section Animation rurale de l’ORTM, 66 émissions dont 44 montées soit 14h40 de programmes. Leur diffusion a déjà débuté.
Interview
FONTENEAU, Anne; FOFANA, Barka