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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Du village au foyer, la nécessité d’une mission d’information et de conciliation du vice-président de l’ORDIK

Anne FONTENEAU

11 / 1994

L’ORDIK (Organisation Rurale pour le Développement Intégré de la Kolimbine)est une association intervillageoise malienne regroupant neuf villages. Créée à l’origine en France, dans les foyers de travailleurs émigrés, à la fin des années 80, elle s’est ensuite également constituée au Mali avec le retour de quelques migrants. Elle comporte aujourd’hui un comité, organe de décision, formé de représentants des villages, avec à sa tête, un bureau, ainsi qu’une structure projet composée de techniciens. Dans les foyers d’émigrés, ORDIK France subsiste toujours sous la forme d’un comité regroupant les ressortissants expatriés de ces mêmes localités. Cependant, pour remédier au blocage total de communication entre les deux structures, Bakary Djombera, vice-président d’ORDIK Mali s’est rendu en France pour un séjour d’un mois durant lequel il a rencontré séparément les membres des neuf villages avant de réunir tous leurs représentants pour une assemblée générale. Bakary Djombera a donc pu recenser les différents problèmes expliquant l’absence de collaboration efficace entre le village et le foyer. Les migrants évoquent le traitement privilégié de certains villages ou les cours d’alphabétisation dispensés selon eux de façon inéquitable. En fait, il apparaît surtout qu’une mauvaise compréhension du fonctionnement de l’ORDIK est à l’origine de nombreux malentendus. Pour les migrants, il faut combattre la toute puissance de l’équipe technique, la personnalisation du pouvoir au profit du chef de projet actuel, initiateur de l’ORDIK, et la présence de techniciens extérieurs à la zone. En réponse, Bakary Djombera s’est livré à un véritable travail d’information et de communication. Il a expliqué le rôle de décision du comité et donc, à travers lui, celui des paysans qui y envoient quatre délégués par village. Il a insisté sur la nécessité d’avoir recours à des spécialistes techniques pour l’agriculture, l’animation, la formation ou le génie rural. Il a mis en avant le travail énorme fourni par tous les habitants, souvent mésestimé par les migrants pourvoyeurs d’une partie des fonds nécessaires aux actions de développemenet. Enfin, il a encouragé les migrants à adopter une attitude constructive et leur a conseillé d’entrer en relation avec les délégués de leur village malien siégeant au comité. A l’issue de cette mission, deux décisions ont été prises mais elles sont, pour Bakary Djombera, très insuffisantes. Tout d’abord, le bureau d’ORDIK France a été renouvelé mais sans que son président ne soit remplacé. Or, il est, selon Bakary Djombera, responsable de l’absence complète de diffusion de l’information en provenance du Mali. De plus, l’idée d’un voyage similaire mais dans le sens France-Mali, accompli par un migrant pour constater la réalité du terrain a été suggérée. Mais pour Bakary, les migrants en vacances au village devraient remplir eux-mêmes cette fonction de communication et de témoignage. Or, ils ne s’y livrent que rarement, préférant parfois colporter la rumeur plutôt que l’exacte vérité.

Key words

self evaluation, farming community, communication, community development, emigrant, community organization, popular participation, resistance to change


, Mali

Comments

Le voyage de Bakary Djombera a donc constitué une tentative pour solutionner le très profond problème de communication entre les deux ORDIK. Pour restituer aussi fidèlement que possible sa mission, celui-ci a rapporté au Mali enregistrements audios de ses principaux entretiens et cassette video de l’assemblée générale. Mais pour Bakary, l’essentiel des difficultés réside dans la mauvaise volonté et la méfiance des migrants qui acceptent mal de voir leur village bouger sans eux. Bakary déclare : "Nous, on a confiance en eux mais pas eux en nous. Les migrants croyaient que l’ORDIK était à eux seulement. Nous, on croyait que c’était à nous tous. L’ORDIK, c’est pas une seule personne, c’est tout le monde, c’est les villageois, les migrants, nous tous."

Source

Interview

FONTENEAU, Anne; DJOMBERA, Bakary

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