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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Quand les femmes se réunissent pour échanger sur leurs activités associatives ou quand la communication encourage l’action

Anne FONTENEAU

04 / 1994

Le 28 mars 1994, s’est tenue à Kabate, la première réunion des responsables des groupements féminins issus des neuf villages et deux hameaux de culture de la zone ORDIK. Cette rencontre, totalement novatrice, est l’aboutissement d’un long processus de communication et d’information. A l’origine, la commission Animation de l’ORDIK émet l’idée de ce rassemblement féminin et la soumet au Comité qui donne son accord. Le projet est ensuite régulièrement évoqué dans chaque village, tout au long de la campagne d’alphabétisation. De plus, hommes et vieux sont longuement consultés. Enfin, toute la semaine précédente, la Radio Rurale de Kayes diffuse quotidiennement, à 10 heures et à 13 heures, un sketch sur le thème des activités féminines, annonçant la réunion et donnant les détails pratiques pour y participer. Rassemblées la veille au soir, les femmes ont préféré passer la soirée toutes ensemble afin de faire connaissance. Chaque groupement avait envoyé deux représentantes (en général, présidente et vice-présidente ou trésorière). Lors de la rencontre, chaque porte-parole a présenté son association en suivant un schéma similaire : nombre de membres (de 29 à 526), montant de la cotisation (50 ou 100 FCFA par mois), type d’activités (alphabétisation, maraîchage, culture de l’arachide, teinture, fabrication artisanale de savon...), difficultés rencontrées (accès à l’eau, cloture du périmètre maraîcher...). La présence de représentantes de deux associations de Kayes a permis un fructueux échange d’expériences entre milieux urbain et rural. Cette journée de travail entre femmes a abouti à trois propositions concrètes. Pour remédier au manque d’informations dont elles se sentent victimes, les femmes de la zone ORDIK ont approuvé l’idée de créer leur propre comité, sur le même schéma que celui des hommes (qatre délégués par village et bureau de six personnes). Fortement convaincues que l’expérience s’enrichit de l’échange, que la voisine possède un riche savoir à partager, les participantes ont suggéré des concertations à deux ou trois associations, pour chercher ensemble des solutions à leurs problèmes communs en début de campagne maraîchère par exemple, des visites mutuelles et des réunions féminines pour l’ensemble de la zone ORDIK, deux ou trois fois par an. Enfin, le principe même de ce rassemblement, uniquement entre femmes, pour évoquer leurs activités propres a laissé la parole féminine s’exprimer plus librement. De nouvelles perspectives d’actions, différentes de celles habituellement envisagées par les hommes ont ainsi pu être énoncées : formations sur la couture à la machine, la fabrication de pommade ou la tenue du cahier comptable de l’association par les non alphabétisées.

Key words

autonomous development, woman, social innovation, community organization, experience enhancement


, Mali, Kayes

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Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Comments

Le succès de cette journée d’échange d’expériences entre femmes (un seul hameau de la zone ORDIK n’y a pas participé)tient d’une part à un patient travail préparatoire de communication et un constant respect des traditions soninké et khassonké quant à la place de la femme. D’autre part, cette rencontre n’a rien imposé d’en haut : elle a simplement mis en lumière la vigueur des activités féminines au niveau villageois, la structuration intervillageoise à venir apparaîssant alors comme une évolution naturelle. Trop longtemps délaissées, les femmes ont su s’imposer par leurs actions de terrain et démontrer, à l’image du titre du sketch radiophonique, que "la vie ne peut aller sans les femmes". Le défi actuel ainsi posé à l’ORDIK est celui d’une prise en compte réelle de la parole féminine, à la mesure des espoirs et attentes exprimés lors de cette première rencontre.

Source

Experience narration

FONTENEAU, Anne

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