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Les institutions agricoles face à la crise

Les choix et stratégies de la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron

Betty WAMPFLER

05 / 1994

La Chambre d’arriculture a été l’un des principaux acteurs de la modernisation agricole en Aveyron. L’évolution de ses stratégies illustre les changements en cours dans le monde agricole, et la difficulté de l’insertion de l’agricole dans le rural.

Jusque dans les années 90, la politique de développement de la Chambre d’Agriculture était principalement axée sur les grandes productions d’élevage (lait de vache et de brebis, viande bovine, porc)qui ont été le support de la modernisation agricole aveyronnaise. Celle-ci a été longtemps emblématique et l’Aveyron était souvent citée comme "la région de montagne" qui a su se développer sur le même modèle que les Bretons, par l’intensification des productions et la spécialisation des exploitations.

Dans les années 8O cependant, ce "modèle" s’est lézardé : les quotas, en limitant la production laitière, ont conduit les exploitations à se diversifier. La baisse des revenus a mis en évidence la faiblesse structurelle de l’agriculture que la course à l’intensification ne pouvait plus masquer. Le recul démographique a entraîné un retrait du poids des agriculteurs dans le monde rural. Par ailleurs, la décentralisation a donné de nouveaux pouvoirs aux élus politiques face aux socio-professionnels en recul. Enfin, l’évolution globale de la société, celle des mentalités et du cadre législatif confèrent à la ruralité une place progressivement plus centrale que celle de l’agriculture.

Face à ces ruptures les institutions agricoles aveyronnaises ont longtemps campé sur une position défensive. Le questionnement sur le rôle de l’agriculture et la prise de conscience de la nécessité de défendre une spécificité "zones difficiles" plutôt que de vouloir à tout prix préserver le "modèle breton", ne sont intervenus réellement qu’avec le choc de la réforme de la PAC en 1992.

Cependant, au-delà du discours institutionnel qui affirme la nécessité d’une évolution, que montrent les faits ? Des actions comme le projet AGIR (fiche 21), l’évolution de la Chambre d’Agriculture sur les problèmes d’environnement (fiche22)et de services ruraux (fiche 23), enfin une réflexion menée en 1993 par la profession agricole sur l’avenir de l’agriculture aveyronnaise (PSAD, fiche 24)permettent de mesurer concrètement la portée des évolutions en cours et de comprendre les stratégies institutionnelles des organisations professionnelles agricoles majoritaires.

L’ensemble de ces actions traduit une prise de conscience,des ruptures en cours, et la nécessité d’y faire face en adaptant les structures et le discours. Cependant, au-delà de ces changements, est inscrite, au coeur de chacune de ces actions, la volonté des organisations professionnelles agricoles majoritaires aveyronnaises de conserver l’hégémonie dans le monde agricole et dans le monde rural. Pour ce faire, quelles sont les stratégies institutionnelles déeloppées ?

Elles s’articulent d’abord autour de la défense des grandes productions traditionnelles et de la préservation des organisations économiques, créées pendant la modernisation et qui dépendent de ces productions. Sur le terrain aveyronnais, cette défense passe par la "restructuration" des exploitations. A l’extérieur, elle repose sur la mobilisation d’hommes influents proches de la cause aveyronnaise (grands responsables syndicaux, ministres...)Depuis peu, elle a conduit des responsables aveyronnais à prendre des positions tranchées en faveur de la spécificité des zones difficiles (des débats sur la prime à l’herbe notamment).

Au-delà de ces prises de position somme toute classiques, des "relais" sont préparés dans des domaines peu susceptibles de déstabiliser les structures professionnelles. Des responsables aveyronnais influents ont pris la direction d’organismes de certification de la qualité par exmeple. La réorganisataion des services de la Chambre d’Agriculture vise à la création de nouvelles compétences, en matière de production et d’activités rurales. Celles-ci si elles sont maintenant reconnues, gardent réanmoins un statut de "complément de revenus" et ne doivent être mises en oeuvre que dans le cadre organisé - et maîtrisé- des filières.

Enfin, il s’agit, pour la profession agricole d’occuper des "terrains-clé" de la vie rurale où une concurrence avec d’autres structures locales, peut se développer : l’appui à l’émergence de projet, l’environnement, le tourisme rural ...

Key words

countrymen’s organization, rural environment, agricultural policy


, France, Aveyron

Comments

La volonté des organisations professionnelles agricoles aveyronnaises de préserver une situation d’hégémonie est donc féconde puisqu’elle les conduit, pour s’adapter à des contraintes nouvelles, à explorer de nouvelles voies de développement. Mais leur permettra-t-elle de s’ouvrir à une "ruralité partagée", seule base possible pour un réel développement local ?

Source

Interview

ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - France - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr

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