Jusque dans les années 5O, les foires et marchés étaient à la fois des lieux du développement économique et rural et des temps forts de la vie sociale des campagnes.
La modernisation économique des Trente glorieuses a engendré le déclin et la disparition de nombreux marchés. Alors que le commerce rural approvisionnait les campagnes, les produits agricoles étaient de plus en plus collectés par des entreprises privées ou des coopératives, organisées en filière économique.
La commercialisation des denrées agricoles sur les marchés, bien que se maintenant pour certains produits (le bétail notamment)faisait figure de pratiques archaïques à travers lesquelles des "paysans régrogrades se faisaient escroquer par les marchands de bestiaux".
Avec la crise agricole, la dévitalisation du tissu rural, et les nouvelles préoccupations de développement local, les foires et marchés retrouvent des lettres de noblese. On redécouvre qu’ils peuvent assurer un débouché aux productions agricoles locales, et que, par la foule qu’ils attirent, ils peuvent dynamiser un ensemble d’activités locales de productions et de services.
Les foires et marchés renaissent sous des formes variées.
Ils peuvent être la réplique de foires anciennes. Ainsi en est-il du marché ovin créé par la commune de Requista en 1989. Requista est un bourg du Segala aveyronnais relativement éloigné des grands centres. L’activité économique de cette zone est essentiellement agricole, et centrée sur la production de lait de brebis pour Roquefort. Hormis cette production, le dynamisme agricole local est faible et ne produit que peu d’innovations. Pourtant un besoin de revenus complémentaires existe, et c’est sur la base de ce constat que la municipalité a développé l’idée d’un marché ovin viande, susceptible de mieux valoriser cette sous-production du lait. Au bout de quelques années de fonctionnement, l’opération est un succès : au 2ème rang national, le marché de Requista permet de vendre 17O OOO têtes par an, les prix semblent s’y stabiliser à un niveau plus élevé qu’avant ! Les acheteurs viennent souvent de très loin pour s’y approvisionner. Un marché de volailles et maintenant en projet sur le même modèle, et devrait offrir un débouché aux productions familiales féminines de la zone.
Parmi les nouveaux marchés, les marchés de produits fermiers et les marchés de pays se développent fortement depuis quelques années et, à travers eux, on redécouvre que la consommation locale, épaulée par le tourisme estival, peut être une ressource de développement local.
Face à une expansion désordonnée de ces marchés, source de conflits entre commerçants et agriculteurs, la Chambre d’Agriculture s’est chargée d’une coordination à l’échelle départementale qui a abouti à la création d’une "association" et d’un label "marchés de pays".
D’autres foires se développent sur un modèle de "vitrine locale". Ainsi, les foires de Baraqueville, une commune proche de Rodez, qui a fait le pari d’investissements importants en infrastructures d’accueil pour des manifestations d’ampleur nationale. Dans le grand foirail couvert et équipé des installations les plus modernes, se succèdent les concours agricoles : National Limousin, Concours Charollais, Concours Blondes d’Aquitaine, expositions avicoles, foire au gras, foire au matériel d’occasion attirent chaque année des milliers de visiteurs. Les retombées économiques de ces manifestations sont importantes pour les activités de restauration et d’hôtellerie du canton. Ce type de démarche n’est pas sans générer de fortes concurrences locales : ainsi Baraqueville utilise l’argument de ses infrastructures performantes pour revendiquer l’organisation des manifestations du Centenaire de l’Union Aubrac, emblématique de la région du Nord Aveyron, bien éloignée du Ségala ...
rural environment
, France, Aveyron
A travers ces exemples, qu’ils soient "l’addition de petits plus" comme les marchés de pays, ou bien des "vitrines" d’envergure nationale comme les foires de Baraqueville, on redécouvre l’intérêt du marché comme élément du développement du monde rural. Un intérêt qui ne doit cependant pas générer des illusions : le marché ne freine pas la concurrence, au contraire il la stimule, conduisant certaines institutions (municipalités, organisations agricoles)à se mobiliser pour en garantir les règles de fonctionnement.
Interview
ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - France - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr