02 / 1994
M.X., vous êtes entrepreneur dans une zone rurale centrée sur une petite ville qui va être traversée par l’autoroute A75. Vous êtes aussi conseiller municipal et délégué au SIVOM local. Pourquoi avez-vous crée une association de développement rural?
Nous avons créée cette association en 1990, dans le contexte de l’arrivée de l’autoroute, qu’on nous présentait systématiquement comme une formidable perspective économique pour la région. Notre premier travail a été d’expliquer que le développement économique ne viendra pas de l’extérieur, mais seulement des gens d’ici, et que l’autoroute ne sera positive que si nous savons l’utiliser.
L’association compte aujourd’hui une vingtaine de membres, des entrepreneurs, des agriculteurs, des professions libérales...C’est un lieu d’échange et de réflexion sur le développement économique du pays, elle a pour objectif de développer le dialogue entre les acteurs sociaux-professionnels, la population, les élus et aussi d’aider les initiatives de développement, leur offrir un contexte favorable, des services, des appuis.
Pour l’instant, nous avons peu de projets concrèts, et peu de réalisations, parce que nous nous sommes heurtés à un très fort immobilisme local. Nous travaillons sur deux dossiers, une réflexion sur un développement commercial plus cohérent pour le bourg-centre, et la mise d’un POS.
Quels sont, d’après votre expérience, les principaux obstacles dans les démarches de développement local?
Le développement local, on en parle beaucoup, mais c’est loin d’être une réalité générale. Cela suppose que les actions soient engagées à des échelles plus larges que la commune , et cela, les élus n’y sont pas prèts. Ils ont, au mieux, des projets individuels ou politiques, mais rarement un projet global. La plupart d’entre eux sont trop vieux, trop ancrés dans la mentalité traditionnele négative qui veut que "dans le monde rural, tout est foutu, l’avenir est ailleurs". De plus, ils ont peu de compétences économiques et refusent le plus souvent de s’appuyer sur des professionnels compétents, par peur de perdre une parcelle de pouvoir. A leur décharge, il faut dire que l’élu, en matière de développement économique ne peut que favoriser des projets. Et des projets, il n’y en a pas beaucoup.
Ce qui est important, c’est d’arriver à créer un vrai dialogue entre les professions rurales, dépasser les anciens conflits entre artisans, agriculteurs, commerçants, qui sont encore très vivants aujourd’hui. Il y a le problème du financement des entreprises rurales aussi. En agriculture, par exemple, il est absurde de continuer à financer des productions excédentaires, alors qu’il y a la possibilité de développer des activités plus adaptées à la demande d’aujourd’hui et qui pourraient maintenir des exploitations. Cela pose le problème des garanties bien sûr. Financer du foncier est plus facile que financer des projets plus immatériels. Nous réfléchissons avec l’association, à des moyens de mobiliser l’épargne locale dans ce sens.
Toutes les initiatives qui s’attaquent à ces problèmes favorisent le développement. Une association comme la nôtre peut peser sur des élus; la démarche des Chartes de développement du Conseil Général, en jouant avec la carotte et le baton pour promouvoir l’intercommunalité, va dans ce sens aussi. Des financements européens comme Leader peuvent être positifs quand ils sont utilisés localement pour résoudre les vrais problèmes...
En fait, il faut du temps pour que les gens apprennent à travailler ensemble et à ne compter que sur leur propre volonté de développement. La génération à venir sera plus consciente du problème et plus ouverte à la coopération, parce qu’elle travaillera à partir d’une crise, alors que pour beaucoup d’entre nous, le développement s’est fait "tout seul", c’étaient les Trente Glorieuses...
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, France, Aveyron
Ce témoignage met en évidence les atouts et les handicaps d’une démarche de développement local en gestation.
Interview
ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - France - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr