1. Les "coopératives d’approvisionnement et de commercialisation" n’ont jamais eu de coopérative que le nom. Magasins d’Etat pendant la collectivisation, elles ont été créées pour faciliter l’approvisionnement des paysans dans des conditions où les transports étaient très peu développés et l’industrie embryonnaire. Leur rôle était de vendre tous les produits nécessaires aussi bien pour la production que pour la vie courante (vêtements, papier, cigarettes, savon...).
En fait, Monsieur Xu, directeur du magasin d’approvisionnement du district de Tianchang, explique qu’avant 1949 et la création de la République Populaire, existaient déjà quelques magasins d’Etat pour les achats courants. Dès leur création en 1950, les dites "coopératives" ont dû fonctionner sur leurs propres fonds. Même si leurs employés sont fonctionnaires, elles sont gérées comme des entreprises privées. A cette époque, les produits vendus ne sont pas nombreux. Il n’existe pas ou peu de produits d’origine industrielle: ni engrais, ni outils, ni phytosanitaires,...sans parler des articles ménagers. En outre, l’amont et l’aval de l’agriculture ne sont pas encore gérés par une administration spécialisée et les "coopératives" s’occupent de tout.
Dans les années 1960, quand le gouvernement a décidé d’ouvrir des "coopératives" dans les communes populaires (10 à 15000 habitants), c’est la "coopérative" du canton qui a dû emprunter à la banque agricole et se charger de l’opération.
La libéralisation de l’économie en 1980 a changé peu de choses dans le fonctionnement des "coopératives". Si ce n’est que la quantité et la variété des produits offerts sont de plus en plus importantes. Surtout, les articles ménagers et les produits de consommation courante deviennent de plus en plus nombreux avec d’une part le développement de l’industrie et, d’autre part, l’accroissement du niveau de vie et l’augmentation subséquente de la demande. Mais les "coopératives" ont à présent à subir la concurrence du secteur privé.
2. En effet, aujourd’hui, les magasins foisonnent à Tianchang. De petite ou grande dimension, de la minuscule bicoque à l’immeuble fraîchement construit, c’est une abondance de vêtements chatoyants, de gadgets, de produits de beauté, de jeux, de postes de télévision, d’appareils électro-ménagers...Les commerces abondent, créés par des individus ou des collectivités. Et tout change très vite: en quelques mois, on ouvre et on ferme boutique. Une librairie succède à un restaurant qui a suivi une boutique de prêt-à-porter. Dans les villages, un petit capital de 2 à 300 yuans (1 yuan= 0,2 US$)permet d’acheter un stock d’articles de consommation courante (cigarettes, bonbons, thé, sucre, médicaments...)et de tenir chez soi un dépôt rudimentaire mais souvent rémunérateur. Sur 10 yuans de chiffre d’affaire journalier, Madame Yi fait un bénéfice de 2 Yuans.
3. Rien ne permet de distinguer les magasins gérés par la "coopérative" des autres. Les prix des articles sont les mêmes. La caractéristique des "coopératives" demeure de vendre des intrants agricoles: engrais, phytosanitaires, petits outils,... Mais ce n’est plus une exclusivité. En effet, beaucoup d’outils (houes, faucilles, rateaux, plateaux des tombereaux,...)sont fabriqués et vendus dans des ateliers artisanaux: petites forges, menuisiers... La quasi-totalité des charrues, des semoirs et des herses à traction attelée sont aujourd’hui encore, à Bozhou comme à Tianchang, de fabrication artisanale. Seuls les roues et les essieux des tombereaux sont d’origine industrielle. En outre, l’administration et l’encadrement agricoles sont très spécialisés. Une compagnie dépendante de l’Etat distribue le matériel motorisé (motoculteurs, tracteurs, pompes,...). Les semences sélectionnées, dont la qualité est théoriquement garantie, sont vendues par une compagnie équivalente.
Toutes ces compagnies sont "mixtes" dans le sens où elles sont soutenues par l’Etat, une partie de leurs employés étant fonctionnaires et une grande part de leurs activités étant de suivre les plans d’Etat, mais possèdent une certaine autonomie de gestion.
4. Aujourd’hui, se développe en parallèle un petit commerce privé des intrants. C’est un commerce plus ou moins illicite qui prospère particulièrement dans des conditions de rationnement ou de faiblesse des approvisionnements. A Bozhou, les quantités de semences vendues par la compagnie officielle sont très loin de satisfaire la demande. De même, les ventes subventionnées d’engrais aux paysans sont très limitées. Les stocks d’engrais de la "coopérative" sont vite épuisés. Des colporteurs passent dans les villages vendre semences, engrais... Les prix sont parfois moins élevés que sur le marché mais ce sont souvent des produits frelatés.
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, Asia, China, Anhui
Quand on arrive en Chine, l’abondance et la diversité des produits sur le marché à tous les coins de rues et dans les magasins sont impressionnantes. Rien à voir avec une quelconque uniformité des couleurs et des formes. Rien à voir non plus avec les magasins vides, les files d’attentes devant les magasins et les restrictions d’actualité dans certains pays d’Europe de l’est. Ici, la foule se bouscule pour voir le spectacle des couleurs, du bruit, de la musique, et achète... à condition d’en avoir les moyens.
Ma thèse (Institut National Agronomique Paris-Grignon; en cours)résulte d’un travail de recherche de terrain, d’observations et d’enquêtes menées auprès des acteurs de l’agriculture locaux: paysans, cadres,...dans plusieurs districts chinois.
Theses and dissertations
DIDERON, Sylvie, INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE PARIS-GRIGNON, 1993/00/00 (Suisse)