03 / 1993
Le compostage est une pratique très ancienne en Chine et continue à jouer un rôle essentiel dans le mode de reproduction de la fertilité des systèmes de production.
1. A Bozhou, dans la grande plaine alluviale du fleuve jaune, les fosses à compost sont préparées chaque année fin juillet/début août. En effet, le compost est destiné à être épandu fin septembre en fumure de fond avant le semis du blé. Deux mois sont nécessaires sous les températures élevées d’été pour que les fermentations liées au compostage puissent avoir lieu. Chaque famille creuse sa propre compostière près des habitations ou à proximité des canaux de drainage. Ces lieux sont les plus proches des sources des matières à composter et plus faciles à surveiller (contre le vol).
Le compost est composé de déjections animales et humaines, de tous les résidus de culture et des déchets de cuisine qui ne peuvent être utilisés ni pour l’alimentation animale ni comme combustibles. Le tout est méticuleusement récupéré et mélangé aux alluvions très riches en minéraux curés dans les canaux et cours d’eau. Cette préparation est très exigeante en main-d’oeuvre.
2. La richesse du compost obtenu est fortement liée à la quantité de déjections animales utilisée. Ainsi, l’agriculture reste très étroitement associée à l’élevage à Bozhou. Au moins 40% des fertilisants sont apportés sous forme de compost. La première source en est le fumier bovin. 80 à 90% des familles possèdent un boeuf. Animal de trait, il ne représente pas seulement une force de travail et une épargne sur pied mais bien les plus importants producteurs de fumier. Ensuite viennent les porcs. 30 à 40% des familles engraissent un porc par an. La viande est exclusivement destinée à la vente et non à l’alimentation de la famille. L’élevage permet en outre à Bozhou de valoriser les résidus de culture (pailles, feuilles...)et les déchets.
M.Jiang, propriétaire d’un petit tracteur, entretient un boeuf et engraisse jusqu’à deux porcs par an afin d’obtenir le maximum de déjections à moindre coût. Pourtant la part en valeur du compost dans le total des amendements qu’il utilise n’est que de 20%. Il achète des engrais chimiques mais considère que cela ne peut remplacer le compost pour "conserver" la structure des sols très argileux. Enfin, l’offre en engrais chimiques sur le marché de Bozhou demeure très inférieure aux besoins des agriculteurs en quantité et en qualité.
3. Si les méthodes de compostage ne sont pas les mêmes dans toute la Chine, cette pratique ancestrale est largement répandue en particulier dans le Nord du pays. En effet, dans de nombreuses régions, comme à Bozhou, agriculture et élevage restent fortement associés même si cette association peut prendre des formes très différentes. Dans la province rizicole très densément peuplée du Sichuan, le lisier porcin est transporté à la palanche dans les parcelles et déversé directement dans les rizières, sans compostage.
L’utilisation d’engrais chimiques a débuté en Chine dans les années 1970 et s’est réellement développé au cours la décennie 80. Aujourd’hui, certaines régions agricoles proches des pôles de développement industriel et commercial (côte est et sud principalement)et ayant facilement accès aux intrants d’origine industrielle, voient leur agriculture devenir largement tributaire de l’utilisation d’engrais chimiques.
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, Asia, China, Anhui
Que de conditions ici présentes et qui ne sont pas réunies dans beaucoup de pays en voie de développement et en Afrique en particulier! Un outillage très diversifié et adapté à la moindre opération culturale, la récupération systématique des déjections animales permise par le parcage et la surveillance étroite des animaux, les fosses à compost, les moyens de transport multiples (brouette, tombereau à bras, bicyclette, hotte, palanches,...), ...
Ma thèse (Institut National Agronomique Paris-Grignon; en cours)résulte d’un travail de recherche de terrain, d’observations et d’enquêtes menées auprès des acteurs de l’agriculture locaux: paysans, cadres,...dans plusieurs districts chinois.
Theses and dissertations
DIDERON, Sylvie, INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE PARIS-GRIGNON, 1993/00/00 (Suisse)